Infectiologie
Covid-19 : des lésions pulmonaires à l'origine de troubles chroniques
En plus des lésions alvéolaires extensives et des thromboses multiples, les lésions pulmonaires de la Covid-19 comportent des fusions des pneumocytes et des lésions de fibrose qui seraient en rapport avec la persistance prolongée du SARS-CoV-2 dans les poumons.
- Sompong_tom/iStock
On en sait désormais davantage sur l'origine des lésions pulmonaires chroniques causées par la Covid-19. Dans une étude parue en ligne le 4 novembre 2020 dans la revue EbioMedicine, des chercheurs du King’s College de Londres (Royaume-Uni) et de l’université de Trieste (Italie) décrivent le mécanisme qui provoque les lésions aux poumons apparues chez les patients atteints d’un Covid “longue durée”.
En autopsiant les poumons de patients décédés de la Covid-19, les chercheurs se sont aperçus que, à côté des lésions extensives d'alvéolite et des thrombi et micro-thrombi formés localement, des pneumocytes dysmorphiques, issus d'une fusion des cellules entre elles ("syncytium") sous l’effet du virus, et de fibrose seraient à l'origine de lésions pulmonaires importantes et durables. Cela expliquerait pourquoi certains des “survivants” du coronavirus gardent comme séquelles de graves problèmes pulmonaires.
Fusion des cellules pulmonaires
Les chercheurs ont analysé les organes de 41 patients décédés des suites de la Covid-19 à l’hôpital universitaire de Trieste entre février et avril 2020, soit au début de la pandémie. Afin de voir le comportement du virus, ils ont prélevé des échantillons de poumons, du cœur, du foie et des reins.
Hormis pour les poumons, l’étude n’a révélé aucun signe manifeste d’infection virale ou d’inflammation prolongée dans le reste du corps, signe pour les chercheurs que cette maladie se concentre uniquement sur les organes du système respiratoire. Concernant les poumons, les résultats montrent des dommages importants dans la plupart des cas. Près de 90% des patients avaient deux caractéristiques uniques à la Covid-19 par rapport aux autres formes de pneumonie.
D’abord, les patients avaient des lésions alvéolaires diffuses et des thromboses importantes des artères et des veines pulmonaires (thrombose) à différents stades de formation, donc d'origine locale. Ensuite, plusieurs cellules pulmonaires étaient dysmorphiques, nettement plus grandes que la normale, et comportaient plusieurs noyaux. Après expertise, cette fusion des pneumocytes serait dû au pic de l’infection au coronavirus, qui stimule cette fusion des cellules.
Les lésions des patients Covid “longue durée”
De plus, la présence de cellules infectées provoque d'autres changements structurels majeurs dans les poumons, qui persistent plusieurs mois après. Chez ces patients décédés, certains tissus respiratoires se sont transformés en matière fibreuse. Selon l’équipe de chercheurs, c’est ce qui serait à l’origine de la Covid “longue durée”.
“Ces résultats sont très intéressants, souligne Mauro Giacca, professeur au King’s College de Londres. Ils indiquent que la Covid-19 n'est pas simplement une maladie causée par la mort de cellules infectées par un virus, mais qu’elle est probablement la conséquence de la persistance de ces cellules anormales pendant de longues périodes à l'intérieur des poumons.”








