Oncologie
Cancer colorectal : 3 mois de traitement adjuvant suffisent
Des chercheurs français ont réalisé une analyse de 6 essais randomisés afin d’évaluer la non-infériorité d'une prise en charge par FOLFOX (fluorouracile, leucovorine et oxaliplatine) ou par CAPOX (capécitabine et oxaliplatine) administré pendant 3 mois, par rapport à 6 mois.
- ChrisChrisW
Chez les patients atteints d’un cancer du côlon de stade III, le traitement adjuvant standard consiste en un schéma de 6 mois de traitement par l’oxaliplatine plus une fluoropyrimidine. Or l’oxaliplatine est responsable d’une neurotoxicité cumulative.
Des chercheurs français ont réalisé une analyse prospective de 6 essais randomisés afin d’évaluer la non-infériorité d’une prise en charge par FOLFOX ou par CAPOX administré pendant 3 mois, par rapport à 6 mois. Ils estiment en effet qu’une durée de traitement plus courte pourrait éviter certains effets toxiques, ainsi que des dépenses de santé.
Leurs résultats ont été publiés dans le NEJM du 29 mars 2018.
Un traitement très neurotoxique
Concrètement, le risque de neurotoxicité de l’oxaliplatine dépend de la dose cumulative du médicament. Cette neurotoxicité atteint fréquemment son maximum plusieurs mois après la dernière exposition à l’oxaliplatine, ce qui affecte considérablement la vie des patients.
3 mois versus 6 mois
En pratique, 3 263 événements de récidive ou de décès ont été rapportés parmi les 12 834 patients. Les taux de survie sans récidive à 3 ans étaient de 74,6% dans le groupe de traitement de 3 mois, contre 75,5% dans le groupe de traitement de 6 mois.
La non-infériorité des 3 mois de traitement versus 6 mois n’a donc pas pu être confirmée pour la population globale de l’étude. Toutefois, la non-infériorité du traitement plus court a été constatée pour le protocole CAPOX mais pas pour le FOLFOX.
De sérieux effets indésirables à prendre en compte
Toutefois, comme anticipé, une durée plus courte de traitement adjuvant a été associée à une incidence et une sévérité des événements indésirables significativement plus faibles, en particulier neurotoxiques, mais également des effets secondaires symptomatiques comme une mucite, des nausées, de la fatigue et une diarrhée.
En effet, la neurotoxicité de grade II ou plus durant le traitement actif et dans le mois suivant l’arrêt du traitement était significativement plus faible dans le groupe de traitement de 3 mois (16,6% avec FOLFOX et 14,2% avec CAPOX) que dans le groupe de traitement de 6 mois (47,7% avec FOLFOX et 44,9% avec CAPOX).
La pertinence du choix de schéma thérapeutique
Les chercheurs concluent que parmi les patients atteints d’un cancer du côlon de stade III recevant un traitement adjuvant par FOLFOX ou CAPOX, la non-infériorité de 3 mois de traitement, comparé à 6 mois n’a pas pu être confirmée dans la population globale. En revanche, chez les malades traités par CAPOX, 3 mois de traitement ont été aussi efficaces que 6 mois, en particulier dans le sous-groupe à faible risque.
Ces résultats suggèrent que le choix du schéma thérapeutique, de la durée de traitement doivent être définis préalablement en fonction des patients puisqu’au sein d’un groupe à faible risque (correspondant au stade T1, T2 ou T3 N1à) 3 mois de traitement adjuvant suffisent, en particulier avec un protocole CAPOX ; alors qu’au sein d’un groupe à plus haut risque (correspondant au stade T4, N2 ou les 2), un traitement plus long peut être approprié, en particulier avec le protocole FOLFOX.











