Urologie

Cancer de la prostate : après prostatectomie, la testostérone n'est plus taboue

Dans le cancer de la prostate opéré par prostatectomie radicale et sans maladie résiduelle, le traitement hormonal substitutif par testostérone des malades hypogonadiques améliore leur état général, voire allonge le délai de récidive.

  • jarun011/ISTOCK
  • 18 Mars 2019
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    La testostérone est depuis longtemps considérée comme une hormone qui promeut le développement du cancer de la prostate : la castration hormonale est donc la base du traitement de très nombreux malades, avec ou sans métastases. Au final, de nombreux hommes ayant eu une castration hormonale meurent d'autres causes que de cancer de la prostate, mais de complications métaboliques et cardiovasculaires.

    D’après une nouvelle étude américaine, le traitement hormonal substitutif par la testostérone des malades hypogonadiques permettrait certes d'améliorer la qualité de vie, mais plus surprenant, d'allonger également le délai de rechute. L’étude est présentée cette semaine dans le cadre du Congrès de l’association européenne d’urologie

    Un risque divisé par trois

    L'équipe de recherche a recruté  834 patients soignés pour un cancer de la prostate. Tous ont subi une prostatectomie radicale et 152 hommes sans maladie résiduelle et hypogonadiques ont ensuite reçu un traitement substitutif en testostérone pendant environ 3 ans. Les chercheurs ont ensuite évalué les risques de récidive du cancer, en analysant les niveaux d’antigènes spécifiques de la prostate.

    Lorsque ces taux sont trop élevés, cela signifie qu'une tumeur est présente dans la plupart des cas. La rechute concernait 5 % des hommes soignés par la testostérone, alors que dans le groupe non substitué en testostérone, une rechute est observée dans 15 % des patients. D’après les scientifiques, le résultat final serait une division par trois du risque de récidive en trois ans. "La testostérone recule d’un an et demi l’apparition des premiers signes du cancer", explique Thomas Ahlering, auteur de cette étude. 

    Un changement de paradigme 

    Pendant des années, les chercheurs ont pensé que la testostérone étaient l’une des causes de ce cancer. L’une de ces recherches a même été récompensée par un prix Nobel en 1966 : celle du Dr Huggins. Dans les années 1940, il avait mené une recherche sur un groupe d’hommes et trouvé que la castration permettait d’arrêter la progression du cancer. Ses conclusions sont remises en question depuis plusieurs années par la communauté scientifique, pour certains malades en particulier. 

    Prostate cancer (PCa) incidence and severity in 823 hypogonadal men with and without testosterone therapy (TTh) in a controlled, observational registry study over up to 14 years. Haider A. Abstract 106. EAU 2019.

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