Oncologie
Cancer de la prostate métastasé : intérêt potentiel des associations d’immunothérapies
Le cancer de la prostate métastasé, résistant à la castration et à la chimiothérapie semble pouvoir bénéficier d’un traitement par une association d’immunothérapie.
- janulla/istock
Chez des malades atteints d'un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (CPRCm), une association d’immunothérapies (nivolumab + ipilimumab) se révèle prometteuse.
Sur une série de 32 malades (cohorte 1), asymptomatiques ou ayant une symptomatologie minimale, mais dont la maladie a progressé après une hormonothérapie de deuxième génération et qui n’ont pas reçu de chimiothérapie, le taux de réponse objective (ORR) est de 25% sur un suivi médian de 11,9 mois. Dans une autre cohorte de 30 patients (cohorte 2) dont la maladie a progressé après une chimiothérapie à base de taxane, le taux de réponse objective est de 10% sur un suivi médian de 13,5 mois.
Ce sont les résultats d’une analyse intermédiaire de l’étude de phase 2 (CheckMate-650, Abstract 142) qui ont été présentés le 14 février, lors de l’ASCO GU, le congrès de la société américaine d’oncologie qui se tient à San Francisco.
Des patients meilleurs répondeurs
Dans les deux cohortes, des taux de réponse plus élevés sont observés dans certains sous-groupes de malades, en particulier ceux qui ont une expression PD-1 > 1%, ceux ayant un déficit de la réparation du DNA ou une charge mutationnelle tumorale élevée (supérieure à la médiane) et ceux ayant un déficit en recombinaison homologue.
Le profil global de la tolérance de l’association est conforme aux études antérieures avec ce schéma posologique. Des effets indésirables de grade 3 à 5 liés au traitement sont survenus chez 42% des patients de la cohorte 1 et 53% des patients de la cohorte 2.
Une étude de phase 2
CheckMate-650 est un essai en ouvert de phase 2 qui est encore en cours puisque seule l’analyse intermédiaire a été présentée. Il est destiné à évaluer l'innocuité et l'efficacité de l’association nivolumab + ipilimumab chez des malades atteints d'un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (mCRPC).
L'essai comprend deux cohortes : les malades asymptomatiques ou à symptomatologie minimale qui ont progressé après un traitement hormonal de deuxième génération mais qui n'ont pas reçu de chimiothérapie pour le cancer mCRPC, et d’autre part, les malades qui ont progressé après une chimiothérapie à base de taxane.
Les malades ont reçu 1 mg/kg de nivolumab plus 3 mg/kg d’ipilimumab, suivis de 480 mg de nivolumab toutes les quatre semaines. Les co-critères de jugement principaux sont le taux de réponse objective et la survie sans progression radiographique. La tolérance est un critère d'évaluation secondaire. Des critères exploratoires concernen l’analyse de la corrélation des biomarqueurs avec l'efficacité et la réponse de l'antigène prostatique spécifique (PSA).
Un cancer normalement résistant à l’immunothérapie
Le cancer de la prostate est le deuxième cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les hommes, avec près de 1,28 million de nouveaux cas diagnostiqués dans le monde en 2018. Contrairement à de nombreux cancers de la prostate au stade précoce qui nécessitent des taux normaux de testostérone pour se développer, le cancer de la prostate résistant à la castration continue de croître même lorsque la quantité de testostérone dans le corps est réduite à des niveaux quasi nuls.
Les malades CPRC ont donc une très forte probabilité d'avoir ou de développer des métastases. Alors que le taux de survie à cinq ans pour la plupart des stades du cancer de la prostate est presque de 100%, le taux de survie à cinq ans du cancer de la prostate qui atteint les ganglions lymphatiques, les os ou d'autres organes est d'environ 29%. Traditionnellement, ce cancer n’est pas sensible à l’immunothérapie.
Un nouvel espoir
« Les résultats de CheckMate-650 fournissent une solide base pour le développement d'une immunothérapie combinée pour le traitement du cancer de la prostate, qui est considéré comme une tumeur froide avec peu de lymphocytes infiltrant la tumeur », a déclaré Padmanee Sharma, professeur d'oncologie médicale et d'immunologie génito-urinaire au MD Anderson Cancer Center de l'Université du Texas.
Les résultats cliniques de cette étude sont encourageants et donne le rationnel pour tester cette association sur une plus grande cohorte de patients.








