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Pourquoi certaines dépressions sont-elles impossibles à soigner ?

Une équipe de chercheurs a identifié les causes profondes de la dépression résistante : gènes, antécédents familiaux ou encore traumatismes précoces.

  • iStock/Tunatura
  • 21 Novembre 2025
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    Alors que de nombreuses personnes dépressives voient leurs symptômes s’atténuer grâce aux médicaments ou à la psychothérapie, d’autres ne trouvent aucun soulagement, même après plusieurs essais. Cette forme particulièrement résiliente de dépression est appelée dépression résistante au traitement. Une thèse menée par Ying Xiong, doctorante en épidémiologie médicale au Karolinska Institutet, en Suède, apporte un éclairage inédit sur ses origines génétiques et environnementales.

    Une dépression ancrée dans les gènes

    En croisant données génétiques, registres de santé nationaux suédois et questionnaires sur les traumatismes dans l’enfance, Ying Xiong a mis en évidence que les personnes atteintes de dépression résistante au traitement présentent une prédisposition génétique plus marquée aux troubles mentaux sévères, comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire. "La dépression résistante au traitement n'est pas simplement une dépression plus tenace, elle pourrait constituer une pathologie à part entière", affirme la chercheuse dans un communiqué. A noter que les familles des personnes concernées présentent aussi davantage de troubles psychiatriques ou de maladies cardio-métaboliques, suggérant des facteurs héréditaires ou environnementaux communs.

    Autre révélation majeure : les expériences traumatisantes durant l’enfance (abus, négligence...) augmentent significativement le risque de souffrir de dépression résistante au traitement, indépendamment de l’héritage familial. Ce lien entre traumatisme précoce et résistance au traitement montre qu’il ne suffit pas d’agir sur les symptômes : il faut aussi considérer l’histoire de vie du patient.

    Vers une psychiatrie de précision

    L’étude montre que les patients atteints de dépression résistante au traitement souffrent, en outre, de symptômes plus sévères et prolongés, avec un impact marqué sur leur qualité de vie et leur santé physique. Ils présentent également plus fréquemment de l’anxiété, un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), du diabète ou encore des maladies cardiovasculaires.

    L’avenir du traitement passe par une approche plus personnalisée de la dépression, selon Ying Xiong. "Nous allons vers une psychiatrie de précision, qui intègre génétique, histoire médicale et expériences de vie pour guider les choix thérapeutiques", prédit l’épidémiologiste. L’objectif : identifier plus tôt les profils à risque de dépression résistante au traitement afin de proposer des soins plus ciblés, et ce, dès le diagnostic.

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