Athérosclérose
Les microplastiques font du mal aux artères des hommes
L'exposition aux microplastiques pourrait augmenter les risques de développer une athérosclérose, mais uniquement chez la gent masculine, selon une nouvelle étude menée sur des souris.
- Par Sophie Raffin
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- Svetlozar Hristov/istock
Les microplastiques - ces minuscules particules provenant des emballages, des vêtements et autres objets en plastique - sont partout : dans l’eau, dans l’air, dans l’alimentation, et même à l’intérieur du corps humain. Et ce n’est pas sans conséquence pour la santé.
Une étude réalisée par l’université de Californie à Riverside montre qu’une exposition quotidienne aux microplastiques pourrait accélérer le développement de l’athérosclérose chez les hommes.
Microplastiques : l’accumulation de plaques d’athérome peut grimper jusqu’à 624 %
Pour mieux comprendre comment les microplastiques impactent la santé cardiaque, les chercheurs ont travaillé avec des souris, modifiées génétiquement pour être prédisposées à l’athérosclérose. Les rongeurs ont été soumis à un régime alimentaire pauvre en graisses et en cholestérol, similaire à celui d'une personne en bonne santé et sans surpoids. En parallèle, l’équipe leur a administré une dose quotidienne de plastique - équivalente à celle absorbée par les humains - pendant neuf semaines.
Les analyses ont révélé que les microplastiques aggravaient considérablement l'athérosclérose, une maladie cardiaque caractérisée par la perte d'élasticité des artères provoquée par l'accumulation de dépôts lipidiques durci appelée athérome. Toutefois, cet effet n'était observé que chez les mâles. En effet, l'exposition aux polluants avait augmenté chez eux l'accumulation de plaques d’athérome de 63 % au niveau de la racine aortique (la première portion de l'aorte qui se rattache au cœur) et de 624 % au niveau du tronc brachiocéphalique (un des trois grands vaisseaux de la crosse aortique qui alimentent en sang la tête, le cou et les membres supérieurs). Aucune aggravation significative de la formation des plaques n’était observée chez les femelles.
Les chercheurs ont également remarqué que les microparticules de plastique n'entraînaient pas d’obésité ou de hausse du taux de cholestérol. "Les souris sont restées minces et leur profil lipidique sanguin est resté inchangé, ce qui signifie que l'augmentation des lésions artérielles n'était pas due à des facteurs de risque traditionnels comme la prise de poids ou un taux de cholestérol élevé", expliquent les auteurs dans leur communiqué.
"Nos résultats s'inscrivent dans une tendance plus générale observée dans la recherche cardiovasculaire, où les hommes et les femmes réagissent souvent différemment", ajoute Changcheng Zhou, chercheur principal. "Bien que le mécanisme précis ne soit pas encore connu, des facteurs comme les chromosomes sexuels et les hormones, en particulier les effets protecteurs des œstrogènes, pourraient jouer un rôle."Comment les microplastiques favorisent le développement des plaques d’athérome ?
Ces travaux, parus dans la revue Environment International le 17 novembre 2025, ont permis aussi de faire la lumière sur les mécanismes à l’origine du lien entre athérosclérose et microplastiques. Les scientifiques ont découvert que les particules perturbaient l’activité de plusieurs cellules cardiaques, et notamment les cellules endothéliales qui tapissent les vaisseaux sanguins et régulent l'inflammation et le flux sanguin. "Nous avons constaté que les cellules endothéliales étaient les plus affectées par l’exposition aux microplastiques", précise Changcheng Zhou. "Comme elles sont les premières à entrer en contact avec les microplastiques circulants, leur dysfonctionnement peut déclencher une inflammation et la formation de plaques." Les expériences menées ont aussi révélé que les polluants pouvaient déclencher une activité génique délétère dans les cellules endothéliales de souris et d'humains. Ils activaient des gènes pro-athérogènes (favorisant la formation de plaques) dans les cellules endothéliales de souris et d'humains, suggérant une réponse biologique commune.











