Stress
Votre travail vous expose-t-il aux maladies coronariennes ?
Tensions au travail, manque de reconnaissance... Selon une étude québécoise, les stresseurs psychosociaux seraient responsables, chez les employés de bureau, de près de 20 % des maladies coronariennes comme l’hypertension ou l’infarctus.
- Par Stanislas Deve
- Commenting
- Ridofranz / istock
Le stress professionnel était souvent perçu comme un "mal nécessaire", un simple effet secondaire du monde moderne. Mais une étude récente, parue dans JACC: Advances, une revue scientifique de l'American College of Cardiology, montre qu'il peut avoir des conséquences bien plus graves : près d’un cas de maladie coronarienne sur cinq chez les employés de bureau, surnommés les "cols blancs" – dont la chemise blanche différait de celle des ouvriers, les "cols bleus" – serait dû à des "stresseurs psychosociaux" au travail.
Deux formes de stress particulièrement nocives
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’Université Laval au Québec ont suivi plus de 6.000 employés de bureau pendant 15 ans. Les chercheurs ont identifié deux stresseurs principaux : la "tension au travail", qui survient lorsque les exigences psychologiques sont fortes mais l’autonomie et la marge de décision faibles, et le "déséquilibre effort-reconnaissance", c’est-à-dire lorsque les efforts fournis ne sont pas compensés par une rémunération, une promotion, une reconnaissance ou une sécurité d'emploi suffisantes, expliquent-ils dans un communiqué de l'université.
Selon Mathilde Lavigne-Robichaud, première autrice de l'étude relayée, ces deux formes de stress combinées expliqueraient à elles seules 19,5 % des cas de maladies coronariennes observés dans la cohorte. Elle précise que l’exposition chronique à ces stresseurs viendrait activer des mécanismes physiologiques favorisant la formation de plaques dans les artères coronaires, augmentant ainsi les risques d’infarctus ou d’angine de poitrine.
Les stresseurs psychosociaux ne se limitent pas à une surcharge de travail : ils incluent aussi les violences internes (conflits, harcèlement) et externes (insultes, agressions), rappelle l'Assurance maladie. problèmes de santé graves comme les maladies cardiovasculaires, les troubles psychiques, le burn out, voire le suicide.
Des facteurs de risques modifiables
Mathilde Lavigne-Robichaud poursuit : "Nos résultats rappellent que les stresseurs psychosociaux ne sont pas anodins. Ils peuvent avoir des conséquences graves sur la santé du cœur. Environ un cas de maladie coronarienne sur cinq pourrait être évité s'ils étaient mieux pris en compte." Au Québec, la Loi 27, qui modernise le régime de santé et de sécurité du travail, oblige désormais les employeurs à prévenir les risques psychosociaux au travail.
"Les stresseurs psychosociaux au travail sont, heureusement, des facteurs de risques modifiables, conclut la chercheuse. Notre équipe a déjà montré que réduire la pression psychologique, faire davantage participer les employés à la prise de décision ou offrir des opportunités de développement professionnel peuvent [...] produire des effets bénéfiques sur la tension artérielle."










