Alimentation
Les saisons devraient guider nos habitudes alimentaires
Le type de graisses que nous consommons pourrait avoir des conséquences sur l’adaptation de notre organisme aux différentes saisons.
- Par Diane Cacciarella
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- monticelllo/iStock
Manger de tout, tout le temps. La profusion alimentaire des sociétés modernes semble alléchante et pourtant, elle va à l’encontre de nos besoins nutritionnels réels. Selon une nouvelle étude, publiée dans la revue Science, le rythme des saisons devrait guider nos habitudes alimentaires, en privilégiant les graisses saturées l’été et insaturées l’hiver.
Saisons et santé : une protéine incite le corps à stocker ou brûler les graisses
Dans ces nouveaux travaux, les chercheurs ont tout d’abord analysé le comportement des mammifères, dont les habitudes alimentaires semblent liées à la lumière. Dans un communiqué, ils prennent les ours noirs en exemple. Ceux-ci mangent plus de baies et de noix, riches en graisses saturées, pendant le printemps et l’été, période où le jour dure plus longtemps. En revanche, ils jeûnent pendant l’hiver, moment où ils hibernent.
"Si c'est l'automne et qu'il y a encore beaucoup de noix et de baies à manger, l'ours pourrait tout aussi bien continuer à manger plutôt que d’hiberner, même s'il sent que les jours raccourcissent”, explique Louis Ptacek, l’un des auteurs. Il ne le fait pas pour deux raisons : la réduction de la quantité de lumière et l'apport nutritionnel en graisses insaturées plus élevé, qui donne le signal de l’hiver.
Et ce signal est interprété par PER2, une protéine qui régule le métabolisme des graisses et le rythme circadien. En effet, lors de leurs travaux, les chercheurs ont découvert qu’en fonction des graisses consommées, PER2 incitait le corps soit à les brûler ou à les stocker.
Pour expliquer ce phénomène biologique, les scientifiques se réfèrent encore à la nature. Quand l’été approche, les plantes commencent à produire davantage de graisses saturées. Les mammifères en consomment donc plus et PER2 déclenche le stockage de l’énergie en prévision de l’hiver, où ces graisses seront plus rares.
En effet, à l’inverse, quand l’automne approche, les plantes produisent davantage de graisses insaturées, qui deviennent majoritaires dans les apports nutritionnels des mammifères. Pour l’organisme, c’est le signal que l’hiver arrive. En réaction, PER2 prépare le corps à brûler les graisses, puisqu’il va devoir puiser dans ses réserves.
Cette régulation biologique de notre corps au rythme des saisons permet aux organismes de s’y habituer et de mieux les supporter. Pour le prouver, les chercheurs ont mené une expérience sur des souris. Ils ont simulé ces changements en les exposant à différentes durées de lumière et d’obscurité :
- 12 heures de lumière et 12 heures d’obscurité pour les équinoxes d'automne et d'été ;
- 20 heures de lumière pour l’été ;
- 20 heures d’obscurité pour l’hiver ;
Résultats : les souris dont le régime alimentaire n'était pas trop riche en graisses ou en calories se sont facilement adaptées aux changements saisonniers, ce qui n’était pas le cas de celles qui consommaient plus de graisses saturées.
Cycle circadien : Les graisses hydrogénées dérèglent l’organisme
Les scientifiques se sont ensuite intéressés aux graisses hydrogénées, qui sont essentiellement présentes dans les aliments transformés issus de l’industrie. Ils ont observé que les souris qui en consommaient avaient encore plus de mal à s’adapter aux saisons. Leur rythme était décalé, ce qui se traduisait par des comportements anormaux comparables à des troubles du sommeil.
"Cela soulève la question de savoir si la même chose se produit pour les personnes qui grignotent des aliments transformés", s’interroge Dan Levine, l’un des auteurs. Ce type de régime alimentaire ainsi que la lumière artificielle que nous pouvons allumer à toute heure, hiver comme été, pourraient expliquer la perturbation des rythmes biologiques et divers troubles comme ceux du sommeil, l’obésité, le diabète ou encore les problèmes de santé mentale.
Pour les éviter, l’idéal serait de revenir aux besoins primaires de notre corps : manger davantage de graisses saturées en été et privilégier celles insaturées pendant l’hiver.











