Cerveau

Le manque de temps, un facteur oublié de la démence ?

Le manque de temps – pour dormir, bouger ou encore socialiser – reste un obstacle majeur à l’adoption de comportements sains qui protègent le cerveau contre le risque de démence, selon des chercheurs.

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  • 23 Octobre 2025
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    Bien dormir, bien manger, bouger, entretenir ses liens sociaux… On sait depuis longtemps que ces bonnes habitudes du quotidien protègent notre cerveau contre le déclin cognitif propre au vieillissement. Mais encore faut-il avoir le temps de les mettre en pratique... Une étude de l’Université de Sydney, publiée dans The Lancet Healthy Longevity, propose une autre approche : le manque de temps libre serait un facteur de risque majeur et sous-estimé de la démence, au même titre que la malbouffe, l’absence de sport ou les troubles du sommeil.

    "Time poverty", un enjeu de santé publique

    "Jusqu'à 45 % des cas de démence", comme la maladie d'Alzheimer, "pourraient être évités si les facteurs de risque modifiables [sédentarité, tabagisme, mauvaise alimentation, alcool... ndlr] étaient éliminés. Mais la plupart des gens n'ont tout simplement pas le temps nécessaire pour adopter ces habitudes saines", explique la chercheuse Susanne Röhr, spécialiste des déterminants sociaux de la santé, dans un communiqué de l'université.

    Le concept de "time poverty", que l’on peut traduire par "précarité temporelle" ou "manque de temps", décrit bien cette réalité : longues heures de travail, charge mentale des aidants, surcharge numérique, trajets épuisants... Autant de contraintes qui affectent surtout les groupes sociaux les plus vulnérables (revenus modestes, minorités ethniques...) et les privent des conditions minimales pour prendre soin de leur cerveau.

    Les auteurs de l’étude appellent à un changement profond de paradigme. "En matière de santé du cerveau, on a trop longtemps mis l'accent sur la responsabilité individuelle, regrette le professeur Perminder Sachdev, co-auteur de l’étude. Mais sans accès au temps nécessaire pour agir, on laisse de côté ceux qui en ont le plus besoin."

    10 heures par jour pour protéger son cerveau

    L'équipe de recherche propose des mesures politiques concrètes pour réparer ces "inégalités temporelles" : rendre le travail plus flexible, favoriser la déconnexion numérique, faciliter la garde d'enfants, repenser les transports en commun, et plus généralement l’urbanisme... L’objectif, redistribuer équitablement le temps comme une ressource de santé publique.

    D’après la chercheuse Simone Reppermund, il faudrait environ 10 heures quotidiennes de temps libre pour bien dormir, manger sainement, faire de l'exercice et maintenir une vie sociale active. Mais "pour beaucoup, notamment les aidants ou les plus précaires, ce n'est tout simplement pas possible aujourd’hui", souligne-t-elle.

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