Santé mentale

Expérience de mort imminente : comment mieux soutenir les patients ?

Des chercheurs ont fait le point sur les types de conseil et soutien dont les personnes ayant vécu une expérience de mort imminente ont besoin pour faire face à l’événement.

  • Eymen Uzunkok/istock
  • 14 Octobre 2025
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    Une lumière intense, un tunnel, une décorporation (sensation de sortie de son corps), sentiment de plénitude, rencontre avec des proches décédés… Voici ce que décrivent certains patients ayant fait un arrêt cardiaque ou plongés dans le coma.

    Ces expériences de mort imminente (EMI) peuvent avoir des effets durables sur leur vie. Les chercheurs d’University of Virginia Health System ont mené des travaux pour déterminer comment améliorer le soutien offert à ces personnes surnommées des “expérienceurs”.

    EMI : 64 % des “expérienceurs” cherchent de l’aide

    En interrogeant des volontaires ayant vécu une expérience de mort imminente, les scientifiques ont réalisé que l'événement s'accompagne d’effets positifs. Certains "expérienceurs" ont assuré que cela avait redonné un sens à la vie ou nourri leur désir d’aider les autres ou encore fait naître le sentiment d’appartenir à un tout plus grand. "Pourtant, même dans ce cas, certaines personnes peuvent avoir du mal à donner un sens à l'expérience, surtout si l'EMI entre en conflit avec leurs croyances religieuses ou existentielles, leurs valeurs personnelles ou leurs points de vue scientifiques", remarquent les auteurs.

    Sur les 167 participants suivis, 64 % ont demandé de l’aide. Ils se tournaient vers des professionnels de la santé mentale ou physique, des conseillers religieux ou spirituels, des groupes de soutien, des associations ou encore Internet. Près de huit sur 10 ont trouvé ce soutien utile.

    La crainte d'être "taxés de fous"

    L'équipe a constaté que plus l'EMI était intense, plus les participants étaient susceptibles de demander de l'aide. Les personnes ayant des antécédents de difficultés psychologiques étaient également significativement plus susceptibles de rechercher de l'aide. Néanmoins, la démarche est source d’appréhension. "Nombreux sont ceux qui hésitent à demander de l'aide par crainte d'être taxés de fous", soulignent les experts.

    Autre constat de l'étude parue dans Psychology of Consciousness Theory Research and Practice : le soutien était plus susceptible d’être décrit comme efficace si la personne était plus âgée, si elle décrivait et son enfance heureuse. Les groupes de paroles et les sources en ligne "amicales et bien informées sur le phénomène des EMI" semblaient les plus bénéfiques.

    De plus, les personnes ayant reçu une première réaction positive ou tolérante lorsqu'elles ont révélé leurs expériences étaient beaucoup plus susceptibles de qualifier "le soutien global reçu de bénéfique".

    Expérience de mort imminente : il faut former les professionnels de santé mentale

    Le soutien par des “pairs” ou des connaisseurs paraissait être la solution la plus efficace pour aider les participants à intégrer ce qu’ils avaient vécu ainsi que les changements de leur vision du monde ayant suivi. Par contre, le travail avec des psychologues, psychiatres ou médecins semble être moins fructueux.

    "Le soutien reçu de professionnels de la santé mentale était associé à une perception d'aide moindre
    ", soulignent les chercheurs. Pour eux, leurs résultats pourraient refléter "un besoin accru de conseillers, de thérapeutes et de professionnels de santé spécifiquement formés pour aider les personnes confrontées aux expériences de mort imminente".

    "Nous espérons que ce travail éclairera les besoins de soutien des personnes ayant vécu une expérience de mort imminente et cherchant à comprendre cette expérience et ses conséquences. À l'ère de la prise en charge holistique des patients et des recherches approfondies sur ces expériences, notamment dans les revues médicales, il est important de souligner la nécessité de former les professionnels de santé afin de combler les lacunes en matière de soins pour ces patients
    ", confirme la chercheuse et auteure de l’étude, Dr Marieta Pehlivanova, dans un communiqué.

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