Régime et agriculture
Alimentation : les recommandations de The Lancet pour éviter 15 millions de morts
Les systèmes alimentaires actuels sont des facteurs majeurs de la dégradation de l’environnement et la hausse des maladies chroniques selon une étude publiée dans la revue The Lancet. Adopter un régime moins riche en viande et faisant la part belle aux légumes permettrait de réduire ce poids et surtout, éviter 15 millions de décès.

- Par Sophie Raffin
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- PapillencePhoto/istock
Comment fournir une alimentation saine et équilibrée à 9,6 milliards de personnes en 2050 tout en préservant notre environnement ? C’est la question posée par la Commission EAT-Lancet six ans après ses premiers travaux sur le "régime de santé planétaire". Son nouveau rapport publié le 2 octobre 2025 assure qu’adopter cette alimentation basée sur des produits végétaux peu transformés et une consommation modérée des produits d’origine animale comme la viande permettrait de prévenir environ 15 millions de décès prématurés par an.
Régime de santé planétaire : des céréales complètes des légumes et moins de viande
"Si le monde produit suffisamment de calories alimentaires pour tous, près de 3,7 milliards de personnes n'ont pas accès à une alimentation saine, à des salaires décents ou à un environnement propre", alerte l’étude. Autre sujet d'inquiétude pour les experts : le secteur agro-alimentaire est responsable de près de 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et participe à la dégradation de l’environnement (perte de biodiversité, consommation d'eau, pollution des sols, rôle dans l’antibiorésistance…).Toutefois, il est possible de changer la donne. "L’évolution des systèmes alimentaires et des régimes alimentaires mondiaux pourrait prévenir environ 15 millions de décès prématurés chaque année en réduisant les taux de maladies chroniques liées à une mauvaise alimentation, telles que les maladies cardiaques, le diabète et le cancer", assure le comité.
Selon les scientifiques, ces changements passent par l'adoption massive du régime de santé planétaire. C’est-à-dire une alimentation riche en végétaux, comprenant :
- des céréales complètes : environ 150 g par jour ;
- des fruits et légumes : 500 g par jour ;
- des noix : 25 g par jour ;
- et des légumineuses : 75 g par jour.
En parallèle, il faut limiter la consommation modérée d'aliments d'origine animale tels que :
- la viande rouge : entre 0 et 200 g par semaine ;
- la volaille : pas plus de 400 g par semaine ;
- le poisson : pas plus de 700 g par semaine ;
- les œufs : 3 à 4 œufs par semaine ;
- les produits laitiers : pas plus de 500 g par jour.
Et bien sûr, il est préférable d’éviter les produits transformés afin de limiter la consommation de sucre ajouté, de graisses saturées et de sel. En plus de réduire le risque de décès précoce de 27 %, la généralisation de ce régime permettrait de réduire de 15 % les émissions mondiales de CO2.
"Le régime de santé planétaire n'est pas une approche universelle", précise Walter C. Willett, coprésident de la Commission. "Il tient compte de la diversité culturelle et des préférences individuelles, offrant une certaine flexibilité dans le cadre de lignes directrices claires pour atteindre des résultats optimaux en matière de santé et de durabilité dans le monde entier."Modifier la composition de son assiette n’est pas le seul point d’action possible pour améliorer la santé humaine et planétaire. La commission EAT-Lancet appelle également à réduire les pertes et le gaspillage alimentaires "en s’attaquant aux inefficacités tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire afin de diminuer l’utilisation inutile des ressources et les émissions”, "promouvoir des pratiques agricoles qui augmentent la productivité tout en minimisant les impacts environnementaux négatifs", protéger les zones de biodiversité, mais aussi de "veiller à ce que tous les travailleurs des systèmes alimentaires reçoivent une rémunération équitable et travaillent dans des conditions sûres".
Alimentation saine : il faut aussi réduire les inégalités
Ce nouveau rapport a aussi mis en lumière une forte disparité de l'impact environnemental de l’alimentation entre les différents groupes socio-économiques. Plus précisément, le régime des 30 % les plus riches de la population mondiale est responsable d'environ 70 % des pressions environnementales globales causées par les systèmes alimentaires. De plus, "près de la moitié de la population mondiale n'a pas accès à une alimentation saine et abordable, à des salaires équitables et à un environnement sûr". La Commission appelle à des politiques ciblées pour améliorer l'accessibilité et l'abordabilité des aliments nutritifs, garantir des salaires et des conditions de travail équitables, et de donner aux communautés marginalisées les moyens de participer de manière significative à la gouvernance.