Sommeil
Comment mal dormir fait vieillir le cerveau plus vite
Une vaste étude montre qu’un mauvais sommeil pourrait accélérer le vieillissement du cerveau d’un an en moyenne. En cause, l’inflammation chronique et d’autres mécanismes.

- Par Stanislas Deve
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- AntonioGuillem / istock
Passer de mauvaises nuits ferait vieillir notre cerveau avant l’heure. C’est ce que suggère une vaste étude d’imagerie cérébrale menée par l’Institut Karolinska, en Suède, et publiée dans la revue scientifique eBioMedicine. Les chercheurs y montrent qu’une mauvaise qualité de sommeil (insomnies, réveils nocturnes, apnées...) est associée à un vieillissement accéléré du cerveau, mesurable par imagerie par résonance magnétique (IRM).
Une différence d’âge du cerveau
La recherche repose sur l’analyse de plus de 27.500 IRM cérébrales issues de la UK Biobank. Grâce à un algorithme d’apprentissage automatique (machine learning), les scientifiques ont estimé l'âge biologique du cerveau à partir de plus de 1.000 marqueurs d’imagerie. Résultat : les personnes avec un sommeil de mauvaise qualité ont un cerveau en apparence plus "vieux" que leur âge véritable.
Les chercheurs ont établi un score de sommeil sur cinq critères : chronotype, durée du sommeil, insomnie, ronflements et somnolence diurne. Pour chaque point perdu, l'écart entre l'âge cérébral et l'âge chronologique s’accentuait de six mois. "Les personnes qui dorment mal avaient en moyenne un cerveau paraissant un an plus âgé que leur âge réel", précise Abigail Dove, chercheuse à l’Institut Karolinska et autrice principale de l’étude, dans un récent communiqué.
Le rôle de l’inflammation et d’autres pistes
Comment expliquer cette corrélation ? L’équipe s’est penchée sur l’inflammation de bas grade, une réaction chronique légère de l’organisme qui, à terme, favorise de nombreuses pathologies chroniques, des maladies cardiovasculaires au diabète en passant par la dépression. Cette inflammation de bas grade pourrait représenter, selon l’étude, plus de 10 % du lien entre mauvais sommeil et vieillissement cérébral. Mais d’autres mécanismes sont envisagés, comme la perturbation du système de drainage des déchets du cerveau, actif surtout la nuit, ou l’impact du sommeil sur la santé cardiovasculaire, qui influe directement sur celle du cerveau.
"Nos résultats montrent que le mauvais sommeil pourrait contribuer au vieillissement accéléré du cerveau, et que l’inflammation pourrait en être un des mécanismes sous-jacents", résument les auteurs. D’après eux, de meilleures habitudes de sommeil permettraient donc de ralentir, voire de prévenir, le déclin cognitif et une série d’autres affections. Ils rappellent d’ailleurs que le sommeil est un facteur de risque modifiable, contrairement à la génétique.