Neurologie
Alzheimer : on en sait plus sur la dégradation de la communication entre les cellules cérébrales
Les chercheurs ont peut-être découvert une nouvelle explication au développement de la maladie Alzheimer : la protéine AHNAK qui perturbe la communication entre les neurones et les cellules gliales.

- Par Diane Cacciarella
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- Popartic/iStock
Cette protéine pourrait être responsable d'Alzheimer. Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Cell, la présence d'AHNAK perturberait la communication entre les neurones et les cellules gliales qui les entourent, ce qui pourrait être à l'origine de la maladie d'Alzheimer.
L'origine de la maladie d'Alzheimer encore mal comprise
En France, 900.000 personnes sont touchées par la maladie d'Alzheimer, d'après l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Habituellement, les scientifiques expliquent le développement de cette pathologie par deux types de lésions : les dépôts amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. “Chacune de ces lésions est associée à une protéine : le peptide bêta-amyloïde pour les dépôts amyloïdes, et la protéine tau phosporylée pour les dégénérescences neurofibrillaires”, indique l'Inserm.
Pourtant, certaines personnes accumulent beaucoup de plaques amyloïdes sans présenter de symptômes sévères, et les traitements qui ciblent uniquement ces dépôts n’obtiennent pas toujours de bons résultats. Ces éléments suggèrent que d’autres mécanismes interviennent dans la pathologie.
“La maladie d'Alzheimer ne se résume pas à l'accumulation de plaques ou à la mort de neurones. Elle est liée à la dégradation de l'écosystème cérébral tout entier, indique Bin Zhang, l'un des auteurs de l'étude, dans un communiqué. Notre étude montre qu’une mauvaise communication entre les neurones et les cellules gliales pourrait être l’une des causes majeures de la progression de la maladie.”
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs n’ont pas limité leur analyse à quelques protéines. Au contraire, ils ont observé plus de 12.000 protéines du cerveau dans les échantillons de tissu cérébral de près de 200 personnes atteintes ou non de la maladie d'Alzheimer.
Résultats :
- Chez les patients qui n'étaient pas atteints d'Alzheimer, les neurones envoyaient et recevaient des signaux, tout en bénéficiant de la protection des cellules gliales.
- En revanche, chez ceux atteints d'Alzheimer, les cellules gliales devenaient hyperactives, les neurones moins fonctionnels et l'inflammation augmentaient.
Grâce à une analyse plus poussée, les scientifiques ont réussi à identifier plusieurs protéines “clés”, qui avaient un rôle majeur dans le déclenchement ou l'accélération de la maladie.
La protéine AHNAK, à l'origine de la maladie d'Alzheimer
Parmi ces protéines clés, il y avait AHNAK. D'après les chercheurs, celle-ci en particulier serait associée au développement de la maladie d’Alzheimer, car elle perturbe la communication entre les neurones et les cellules gliales.
En effet, les chercheurs ont observé que l’augmentation de son taux allait de pair avec des concentrations élevées de protéines toxiques - bêta-amyloïde et tau - dans le cerveau et avec la progression de la pathologie. Inversement, dans des cellules cérébrales humaines, les scientifiques ont observé qu’un taux réduit d'AHNAK diminuait les concentrations de protéines tau et améliorait la fonction neuronale.
“Ces résultats suggèrent qu'AHNAK pourrait être une cible thérapeutique prometteuse, souligne Dongming Cai, l'un des auteurs. En réduisant son activité, nous avons constaté à la fois une moindre toxicité et une augmentation de l'activité neuronale, deux signes encourageants qui pourraient nous permettre de restaurer une fonction cérébrale saine.”
À terme, ces travaux pourraient donc permettre la mise au point de nouveaux traitements pour la maladie d’Alzheimer. Un espoir pour tous les patients, car, pour l'instant, il n'en existe aucun qui permet de guérir cette pathologie.