Poids
Obésité : une alimentation calorique, plutôt qu’un manque d’exercice, en cause ?
La hausse de l'apport alimentaire joue un rôle beaucoup plus important que la réduction de la dépense énergétique dans la prévalence élevée de l'obésité.

- Par Geneviève Andrianaly
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Une épidémie d’obésité, maladie liée à plusieurs problèmes de santé, sévit dans le monde. Mais pour réduire le nombreux de cas, vaut-il mieux manger moins ou bouger plus ? Cette question, qui est au centre de multiples débats, a fait l’objet d’une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Dans le cadre des travaux, une équipe internationale de chercheurs s’est concentrée sur le problème de l'équilibre entre alimentation et exercice physique en cas d’obésité.
"L'obésité plus répandue dans les pays plus développés", mais les habitants "dépensaient plus d'énergie"
Ils ont examiné la dépense énergétique et deux mesures de l'obésité (pourcentage de graisse corporelle et indice de masse corporelle, IMC) chez 4.213 adultes, âgés de 18 à 60 ans, issus de 34 populations réparties sur six continents et présentant un large éventail de modes de vie et d'économies, notamment des populations de chasseurs-cueilleurs, de pasteurs, d'agriculteurs et de personnes vivant dans des zones industrialisées. L'échantillon inclut des adultes ayant des régimes alimentaires et des niveaux d'activité très variés. Les résultats ont été classés en groupes selon le niveau de développement économique, à l'aide de l'Indice de développement humain (IDH) des Nations Unies, en raison des différences générales de mode de vie et d'alimentation entre les groupes selon leur niveau de développement économique.
D’après les auteurs, la dépense énergétique totale, la dépense énergétique liée à l'activité, la dépense énergétique basale étaient plus élevées dans les populations résidant dans des pays plus développés, tout comme la masse corporelle, l'IMC et la masse grasse. "Cela signifie que l'obésité était plus répandue dans les pays économiquement plus développés, mais il semblait également que les personnes habitant dans ces pays dépensaient plus d'énergie globalement. Cependant, ce tableau n'est pas exhaustif." Autre constat : la corpulence en général, comme la taille, était globalement plus importante dans les pays industrialisés. "On observe également des fluctuations du poids et de la dépense énergétique en fonction de l'âge et du sexe."
La consommation accrue d'aliments ultra-transformés est le principal facteur d'obésité
Après avoir pris en compte plusieurs facteurs, les scientifiques ont noté que la dépense énergétique totale et la dépense énergétique basale diminuaient légèrement, d'environ 6 à 11 %, avec le développement économique. Les données ont montré que la dépense énergétique liée à l'activité restait globalement plus élevée dans les populations économiquement plus développées, "ce qui indique qu'il est peu probable que le manque d'exercice soit à l'origine d'un IMC ou d'une masse grasse plus élevés." L’équipe a observé que la dépense énergétique totale n’était que faiblement associée à l'obésité, représentant environ 10 % de l'augmentation de l'incidence de l'obésité dans les pays économiquement plus développés. En revanche une consommation accrue d'aliments ultra-transformés, comme les viandes transformées, les plats préparés et les gâteaux, en était la cause. Bien que le manque d’exercice ne soit pas le principal facteur d'obésité, les auteurs encouragent la pratique régulière d'une activité physique, car elle est reconnue comme essentielle à la prévention des maladies et au maintien d'une meilleure santé mentale. En parallèle, il est nécessaire de réduire l’apport calorique provenant des aliments ultra-transformés.