CAR-T cells
Cancer du sang : déjà 500 patients traités avec une nouvelle thérapie cellulaire à Lyon
Depuis 2018, les Hospices civils de Lyon utilisent la thérapie CAR-T, une immunothérapie de pointe, pour traiter certains cancers du sang chez des patients en échec thérapeutique.

- Par Stanislas Deve
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Depuis 2018, les Hospices civils de Lyon (HCL) ouvrent une nouvelle voie dans le traitement des cancers du sang grâce à la thérapie CAR-T, une immunothérapie de pointe réservée aux patients pour lesquels les traitements classiques ont échoué. Ce protocole a déjà bénéficié à 500 personnes, d’après un reportage de France 3 Régions.
Alain, 71 ans, atteint de lymphome, en fait partie : "J'ai eu une rechute en janvier, les deux premiers [traitements] n'ont pas fonctionné, donc on fait le troisième traitement". Dans son cas comme dans beaucoup d'autres, la thérapie baptisée CAR-T (pour Chimeric Antigen Receptor en anglais) offre une dernière chance.
Quand l’immunité devient médicament
Cette nouvelle approche repose sur une idée révolutionnaire : transformer les propres cellules immunitaires du patient en véritables soldats anti-cancer. La thérapie consiste à stimuler l’immunité d’un malade du cancer en modifiant génétiquement ses lymphocytes T pour qu’ils ciblent spécifiquement les cellules cancéreuses.
"On prélève des globules blancs chez un patient, on les modifie génétiquement, on les transforme en médicament puis on les réinjecte pour détruire la tumeur", résume Pierre Sesques, médecin hématologue à l’hôpital Lyon Sud. Les cellules modifiées sont conservées à -180 °C avant d'être injectées. "Entre le moment où je les sors des cuves et le moment où elles sont administrées, il faut compter maximum deux heures", précise Vérane Schwiertz, pharmacienne responsable du dispositif.Si cette thérapie CAR-T est encore en phase d'évaluation, les résultats sont prometteurs. "On commence toujours par tester ces médicaments sur des patients qui ont eu plusieurs lignes de traitements. Aujourd’hui, on est en deuxième ligne et demain, si les résultats sont favorables, on pourra peut-être l'utiliser en première ligne. C'est le chemin classique de l'autorisation de mise sur le marché des médicaments", explique le Dr Sesques.
Une thérapie non sans effets secondaires
La prudence reste de mise, car la thérapie CAR-T n’est pas sans risques : dans 10 à 20 % des cas, des effets secondaires graves peuvent survenir, comme un syndrome de relargage cytokinique (proche d’une infection grave) ou des troubles neurologiques. Heureusement, "la gestion de ces effets secondaires ne cesse de s’améliorer", assurent les HCL.
Pour le Pr Hervé Ghesquières, chef du service d’hématologie, il s’agit d’une avancée majeure : "On peut parler de miracle dans la situation des lymphomes. Des patients étaient malheureusement condamnés avec des traitements classiques de chimiothérapie et ces patients ont été guéris par ce type de stratégie." Les HCL ambitionnent désormais de devenir un centre de référence européen pour cette thérapie novatrice.