Pédiatrie

Les phtalates peuvent modifier les mesures génitales chez les enfants de 3 ans

Une nouvelle étude montre que l’exposition des tout-petits aux phtalates impacte leur développement sexuel et pourrait avoir des conséquences sur leur fertilité future.

  • Marina Demidiuk/iStock
  • 12 Mai 2025
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    L'alimentation participerait à 90 % de l'exposition totale aux phtalates, selon Santé publique France (SpF). Ces substances chimiques sont aussi présentes dans de nombreux produits de consommation courante, comme les emballages alimentaires, les produits cosmétiques, ceux d'entretien ménager, les peintures et même les jouets. Dès leur plus jeune âge, les enfants y sont donc largement exposés. 

    "Les phtalates sont considérés comme des perturbateurs endocriniens et la plupart sont classés comme substances toxiques pour la reproduction”, indique SpF. Dans une nouvelle étude, présentée lors du congrès conjoint de la Société européenne d'endocrinologie pédiatrique (ESPE) et de la Société européenne d'endocrinologie (ESE) qui a eu lieu à Copenhague, au Danemark, des scientifiques montrent l’impact des phtalates sur le développement sexuel pendant la petite enfance.

    Développement sexuel : une distance anogénitale plus courte à cause de l'exposition aux phtalates

    Lors de leurs travaux, les chercheurs ont recueilli des échantillons d’urine de 188 enfants à 3 mois, 6 mois et 3 ans et ceux de leurs mères après l’accouchement et lorsque leurs enfants avaient 3 ans ils ont aussi pris des mesures des distances anogénitales (entre l’anus et les organes génitaux) des 188 enfants à 3 mois, 6 mois et 3 ans. D'après les résultats, l’exposition maternelle aux phtalates n’affectait que les garçons, qui avaient à trois ans une distance anogénitale plus courte. En revanche, les distances anogénitales des filles de 3 ans étaient affectées par leur propre exposition à ces substances chimiques. Plus elle était élevée, plus les distances anogénitales étaient courtes.

    Nous avons été surpris de constater une exposition aussi élevée aux phtalates, dont l'usage est actuellement moins réglementé, indique le Dr Laura Lucaccioni, principale auteure de l'étude, dans un communiqué. L'exposition quotidienne à ces substances pourrait représenter un risque majeur pour la santé des jeunes générations à long terme. Des mesures préventives de santé publique sont nécessaires pour protéger [ceux qui y sont le plus] vulnérables”.

    La distance anogénitale, un des marqueurs de la fertilité

    La distance anogénitale est l’un des marqueurs de la fertilité. Ainsi, une distance réduite pourrait impacter la capacité des enfants à se reproduire plus tard. "Nos résultats chez les garçons suggèrent que l'exposition environnementale prénatale et familiale peut avoir [des conséquences] significatives sur leur développement sexuel, souligne le Dr Laura Lucaccioni. Chez les filles, l'exposition aux phtalates pourrait jouer un rôle dans d'autres mécanismes hormonaux. Cependant, la taille de l'échantillon de notre étude étant réduite, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude qu'il existe effectivement des différences entre les garçons et les filles, mais nous établissons que les deux peuvent être affectés par ces perturbateurs endocriniens”.

    Plusieurs habitudes permettent de réduire l’exposition des enfants et des adultes aux phtalates et, plus largement, à tous les perturbateurs endocriniens. Le ministère de la Santé recommande par exemple de manger des produits locaux, non transformés, et si possible issus de l’agriculture biologique, de bien aérer son logement ou encore d’utiliser des produits ménagers naturels comme le vinaigre blanc. En ce qui concerne les jouets, il faut privilégier ceux conformes à la réglementation actuelle et les acheter dans des magasins ou sur des sites internet de confiance.

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    JDF