Drogue

Gaz hilarant : les cas graves sont trois fois plus nombreux

Le nombre d’intoxications graves au protoxyde d'azote, que l'on appelle aussi "gaz hilarant", a été multiplié par trois entre 2020 et 2021. Cette drogue bon marché consommée par le biais de ballon est de plus en plus populaire, notamment chez les jeunes. 

  • Par Rafaël Andraud
  • Adam Webb/iStock
  • 19 Jan 2023
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    En prendre une seule fois peut conduire à une "perte de connaissance, une chute, des brûlures” et le nombre de cas graves suite aux intoxications qu’il provoque a été multiplié par trois entre 2020 et 2021. C’est le protoxyde d’azote, aussi appelé "gaz hilarant", dont vous avez peut-être remarqué les cartouches au détour d’un trottoir. Christelle Ratignier-Carbonneil, docteure en immuno-hématologie et directrice générale de l’ANSM, alerte l’opinion publique sur la hausse importante des intoxications au protoxyde d’azote, dans une interview publiée ce mercredi 18 janvier par Le Parisien.

    "Le protoxyde d’azote est devenu une préoccupation importante de santé publique"

    “On est passé de 82 en 2020 à 265 en 2021. Le protoxyde d’azote est devenu une préoccupation importante de santé publique”, affirme la directrice de l’agence de santé. Cette montée des cas est liée à un intérêt pour le gaz hilarant qui se répand de plus en plus chez les jeunes.

    À l'origine, le protoxyde d’azote est utilisé en médecine comme anesthésiant et antalgique, et en cuisine, où il est présent dans les cartouches des siphons à chantilly. Son usage détourné consiste à inhaler le gaz par le biais d'un ballon, après avoir "cracké" la cartouche pour l'ouvrir. Les effets euphorisants qu’il entraîne lorsqu’il est inhalé, qui lui valent son surnom de "gaz hilarant", ont contribué à sa popularité grandissante. D’autant qu’il est bon marché et relativement facile de s’en procurer sur Internet, notamment via les réseaux sociaux comme Snapchat ou Instagram, malgré les risques liés à sa consommation.

    Gaz hilarant : pourquoi est-il dangereux ?

    Le problème, c’est que l’inhalation de protoxyde d’azote peut causer de multiples effets secondaires, allant de simples vertiges, risque de chute ou brûlure par le froid du gaz, jusqu’à l'asphyxie et la perte de connaissance. En plus de cela, souligne la Dr Ratignier-Carbonneil , "on découvre de nouvelles complications cardiovasculaires avec des effets thrombotiques" (formation de caillots de sang dans les veines). Elle ajoute que dans les cas d’addiction les plus sévères, la prise régulière de ce gaz peut conduire la mort. En outre, dans un rapport publié le 16 novembre 2022, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’ANSM s’alarmaient également d’une augmentation des cas d'atteintes neurologiques.

    Dans ce contexte, l’ANSM vient d’éditer un document à destination des professionnels de santé pour les aider à identifier les symptômes évocateurs d’une intoxication au protoxyde d’azote et à prendre en charge une personne en situation d’intoxication. Enfin, les problèmes d’addiction peuvent aussi rapidement avoir lieu. L’ANSM observe un usage bien plus "important" et "répété" chez les jeunes de 22 ans, en moyenne, majoritairement des hommes entre 20 et 25 ans, souvent dans un cadre festif.

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    JDF