Étude

Mauvais sommeil, anxiété... Trop procrastiner augmente les problèmes de santé

Les personnes qui repoussent souvent tout jusqu’à la dernière minute, ce qu'on appelle la procrastination, signalent davantage de problèmes de santé et de mal-être, comme la dépression, l'anxiété ou un mauvais sommeil, selon une nouvelle étude portant sur des étudiants suédois.

  • Par Rafaël Andraud
  • fizkes/iStock
  • 09 Jan 2023
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    Les adeptes de la procrastination, c’est-à-dire les personnes qui reportent sans cesse au lendemain ce qu’il y a dans leur liste de choses à faire, jusqu’à la dernière échéance, peuvent non seulement voir leur vie professionnelle ou leurs études en pâtir, mais aussi leur santé. C’est ce qu'ont découvert une équipe de chercheurs en suivant un groupe de plus de 3.500 étudiants de huit universités suédoises, à l'occasion de leur dernière étude, publiée en ligne le 4 janvier dans JAMA Network Open.

    Dépression, anxiété… Les procrastinateurs sont plus à risque

    L’équipe s'est concentrée sur un groupe particulièrement sujet à la procrastination qui faisait partie d'une étude plus vaste sur la santé. Au départ, les étudiants ont été évalués pour des symptômes de dépression et d'anxiété, des habitudes de vie malsaines et des douleurs corporelles. Trois mois plus tard, ils ont rempli un questionnaire standard sur la procrastination.

    Ceux qui avaient obtenu un score élevé sur une échelle de procrastination étaient plus susceptibles de signaler certains problèmes de santé neuf mois plus tard. Par rapport à leurs pairs non procrastinateurs, ils ont signalé plus de problèmes de dépression et d'anxiété, ainsi que plus de douleurs dans le haut du corps et un mauvais sommeil. En plus de cela, ils ont fait moins d'exercice physique et ont signalé plus de solitude que les autres étudiants.

    La procrastination chronique altère la santé sur le long terme

    Selon l’auteur principal de l’étude, Fred Johansson, chercheur à l'université Sophiahemmet de Stockholm en Suède, cela pourrait être lié à la "liberté" dont jouissent généralement les étudiants, avec une vie relativement peu structurée où les délais sont souvent éloignés, ce qui, selon Johansson, laisse beaucoup de place à la procrastination.

    Les chercheurs ont souligné que les résultats ne prouvent pas que la procrastination, en soi, a directement causé ces problèmes, par exemple en retardant une visite médicale et en permettant à un problème de santé irritant de s'aggraver. D’ailleurs, Fred Johansson a déclaré que les liens entre la procrastination et les problèmes de santé étaient "plutôt faibles", ce qui signifie qu'ils n'indiquaient pas un effet important. Mais leurs résultats renforcent l'idée que la procrastination, lorsqu'elle est chronique, est un facteur important. En effet, les connexions se sont maintenues même lorsque les chercheurs ont pris en compte les symptômes des étudiants au début de l'étude.

    "Tout le monde n'est pas un procrastinateur"

    Quant à savoir pourquoi la procrastination nuirait à la santé des gens, le chercheur a convenu que le stress pourrait être une raison importante. Les procrastinateurs chroniques peuvent également manquer de "comportements de bien-être", a-t-il noté, comme par exemple l'activité physique.

    "Tout le monde n'est pas un procrastinateur", rappelle Joseph Ferrari, professeur de psychologie à l'université DePaul de Chicago, qui étudie le sujet depuis les années 1980, dans un communiqué. “Traîner les pieds pour faire vos impôts, ou quelque chose de tout aussi désagréable, est normal. La procrastination chronique est différente”, précise-t-il. Elle est un problème quand elle devient un mode de vie qui s’exprime dans toutes les sphères de la vie, du travail, à la maison en passant par les relations sociales.

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    JDF