Pneumologie

Asthme : les corticoïdes, c’est pas automatique !

 La prise de corticoïdes oraux, même ponctuellement, au cours de l'asthme est associée à une morbidité et à une mortalité accrue, dès une dose cumulée annuelle relativement faible. Une réflexion s’impose avant chaque prescription de corticoïdes et il faut savoir dire « non » , même pour une courte durée. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.

  • 06 Oct 2022
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    Une étude dont les résultats sont parus en septembre 2022, dans l’European Respiratory Journal, a fait le point sur les effets indésirables et la morbi-mortalité des corticoïdes, prescrits à faible dose chez les patients asthmatiques. Des sujets asthmatiques, âgés de 18 à 45 ans, inclus dans le registre danois entre 1999 et 2018 ont été prospectivement suivis.  Les  comorbidités associées, taux de mortalités, de passages aux urgences et les causes de décès ont été évaluées. Les résultats ont montré qu’à partir d’une dose cumulée annuelle de 500mg, les effets indésirables et le taux de morbi mortalité étaient sensiblement supérieurs. Un risque accru de tous ces critères de jugement était présent chez les sujets utilisateurs réguliers ou récurrents de corticoïdes, même à faible dose.

     

    Un travail confirmatoire d’un message déjà apporté

    Le professeur Arnaud BOURDIN, chef du service de pneumologie Générale du Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, explique que cette étude pharmaco-épidémiologique, issue d’un relevé de la base de données danoise, propose des résultats confirmatoires : plus la consommation de corticoïdes est élevée, au cours de l’asthme, plus les effets secondaires et la morbi mortalité sont à un niveau élevé. Il précise néanmoins qu’il persiste un flou sur le seuil de dose de corticoïdes à partir duquel le risque est très élevé. Il semblerai que  la dose cumulative par année de 500 mg correspondrait au seuil toxique et non 1 gramme comme défini antérieurement. Arnaud BOURDIN souligne que cette dose de 500mg est très vite atteinte. En effet, deux exacerbations d’asthme par an, traitées chacune par cinq jours de corticoïdes, permettent déjà d’atteindre ce seuil. Ce message a déjà été apporté par d’autres études, dans  de nombreux pays, et transmis par le GINA.

     

    Vers une utilisation raisonnée des corticoïdes

    Arnaud BOURDIN estime que l’utilisation des corticoïdes au cours de l’asthme doit être raisonnée, de la même  manière que la prescription d’antibiotiques. Ils ne doivent pas être automatiques. Ce message doit être entendu par les médecins généralistes, qui se trouvent souvent face à des difficultés devant les récidives d’exacerbations de leur patients, qui doivent être rapidement pris en charge. Après une prise de corticoïdes pour une exacerbation, le patient doit être adressé à un pneumologue dès la seconde exacerbation. Dire non aux corticoïdes est possible et il ne fau pas attendre la quatrième ou cinquième exacerbation.

     

    En conclusion, l’utilisation des corticoïdes chez le patient asthmatique, même à faible dose, doit être réfléchie et surtout pas systématique. La dose cumulée annuelle dangereuse est rapidement atteinte après une à deux exacerbations annuelles. Ne pas multiplier les exacerbations avant d’adresser le patient à un spécialiste et optimiser la stratégie de prise en charge…

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    JDF