Pneumologie

Asthme : corticoïdes sans frontières !

Des patients asthmatiques reçoivent des doses élevées de corticoïdes de manière homogène en Europe. Une prise de conscience de ce phénomène pour identifier ces patients et les réorienter est nécessaire. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.

  • 23 Avr 2020
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    Une étude de cohorte, dont les résultats sont parus en mars 2020, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à comparer l’utilisation des corticoïdes oraux chez les patients asthmatiques, en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni. Les sujets français ont été identifiés par leur dossiers de remboursement de traitement et les autres sujets par leur diagnostic. Les patients qui utilisaient de fortes doses de corticoïdes ont été identifiés. Au total, plus de 700 000 malades ont été observés pendant presque 7 ans.

     

    Un constat homogène malgré une vision hétérogène

    Le professeur Arnaud BOURDIN, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, souligne le volume important de la banque de données utilisée pour cette étude, justifiée par le fait qu’une corticothérapie orale fortement dosée expose à des effets secondaires. Il précise qu’il existe une grande hétérogénéité dans la vision de la prescription des corticoïdes oraux pour les asthmatiques et que le constat de cette étude est, qu’en réalité, les modèles de prescriptions sont plutôt homogènes dans les pays étudiés.

     

    Identifier absolument les patients surdosés

    Arnaud BOURDIN relève que les résultats ont montré que plus de 10% des patients de l’étude reçoivent des doses de corticoïdes inacceptables, ce qui signifie que l’asthme sévère n’est pas reconnu. Cette prescription de corticoïdes larga manu à des doses potentiellement toxiques doit provoquer une prise de conscience tant au niveau des patients que des professionnels de soins primaires. Arnaud BOURDIN insiste sur le fait qu’il est absolument nécessaire d‘identifier ces patients et de les adresser à des spécialistes, pour qu’ils bénéficient d’un traitement adapté.

     

     

    En conclusion, il est indispensable d’arrêter de croire que la sur-prescription de corticoïdes oraux chez le patient asthmatique n’existe pas. Elle est ubiquitaire et sans spécificité française. L’initiative d’identification de ces patients à risque est le premier pas vers  une meilleure prise en charge.

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    JDF