Pneumologie

BPCO : intérêt de l’activité physique, surtout en cas de capacités limitées

Pour les patients atteints de BPCO, les bénéfices de l'activité physique sont d'autant plus importants que les capacités à l'exercice sont limitées. Un classement des patients en quatre groupes a permis d’évaluer l’intérêt de l’activité physique pour chaque type de patient et fixer des objectifs de réadaptation. D’après un entretien avec Frédéric COSTES.

  • 24 Fév 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus dans CHEST, en janvier 2022 a cherché à évaluer le lien entre activité physique et capacité physique chez de sujets atteints de BPCO, grâce à des mesures par actimètre. Il s’agit d’une étude rétrospective, réalisée dans trois centres hollandais.  La capacité physique des sujets a été mesurée grâce au test de marche de 6 minutes et l’activité physique a été mesuré avec un actimètre, sur plusieurs jours. Les patients ont été, ensuite suivis pendant 5 ans environ, et la mortalité a été mesurée. Au total, 15% des patients sont décédés au cours du suivi.

    Un classement de patients intéressant

    Le professeur Frédéric COSTES, praticien hospitalier dans le Service de Médecine du Sport et des Explorations Fonctionnelles du Centre Hospitalier Universitaire de Clermont-Ferrand, explique, qu’il y a trois ans, la constatation suivante a été faite : on peut classer les patients atteints de BPCO en quatre groupes : ceux qui ont la capacité, mais qui ne sont pas actifs, ceux qui ont la capacité et qui sont actifs, ceux qui n’ont pas la capacité mais qui sont actifs et ceux qui n’ont pas la capacité et qui sont actifs. . Ce classement a montré que lorsqu’il était effectué, on observait des différences entre les patients. L’idée de départ était que le nveau d’activité physique était un facteur de mortalité indépendant des patients atteints de BPCO. Le fait de coupler activité et capacité permet de mieux préciser les choses. Frédéric COSTES estime donc que cette classification en quatre groupes est un concept intéressant à valider pour mesurer l’impact de l’activité physique sur la mortalité des sujets BPCO.

    Fixer des objectifs de réadaptation

    Frédéric COSTES explique que des seuils sont fixés, estimés en nombre de pas, de façon arbitraire, à 70% de la valeur attendue, soit 5000 pas ou encore à 400 mètres lors du test de marche de 6 minutes. Il relève que des différences de mortalité importantes ont été observées entre les quatre groupes. Les deux groupes ayant une faible capacité physique sont ceux qui ont la mortalité la plus importante, quel que soit leur niveau d’activité physique. Frédéric COSTES souligne donc que le point nouveau et surprenant est que c’est la capacité physique de patients BPCO, c’est-à-dire l’importance du handicap respiratoire, qui est prédictive de la mortalité. Il regrette simplement que cette étude ne retrace pas l’évolution des patients au cours des cinq années d’observation et ne prenne en compte que la mortalité. Il existe des profils d’évolution de l’activité physique mais les auteurs ne précisent pas comment conseiller les patients. De plus, les sujets inclus étaient peu sévères et la mortalité a été évaluée toutes causes confondues, ce qui constitue un biais.

    En conclusion, ces résultats intéressants, qui remettent en cause le principe que l’activité physique a un impact sur la mortalité des sujets BPCO, sont à vérifier par d’autres études avec d’autres populations de patients pour s’assurer qu’ils sont généralisables, afin de fixer des objectifs de réadaptation respiratoire. Donner des conseils de motivation est une implication importante dans la prise en charge de ces patients.

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    JDF