Pneumologie

Difficultés d'estimation de la probabilité a priori en pratique clinique.

Un article original a fait le point sur la probabilité a priori en pratique clinique en présentant des situations cliniques à des médecins et en comparant les probabilités estimées de la présence d’une maladie. Une surestimation est fréquente… D’après un entretien avec Bruno FALISSARD.

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  • 09 Sep 2021
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    Une étude américaine, dont les résultats sont parus en juin 2021, dans le JAMA Internal Medicine, a cherché a estimé la probabilité de la présence d’une maladie face à divers scénarios cliniques. Au total, 723 praticiens venant de 8 états différents ont été interrogés afin d’estimer selon eux, la probabilité qu’une maladie soit présente face à 4 scénarios cliniques différents, chez des patients consultant en soins primaires. Les tableaux cliniques étaient ceux d’une pneumonie, d’une infection urinaire, d’un infarctus du myocarde et d’un cancer pulmonaire. Cette évaluation s’est étendue de juin20189 à novembre 2019.

    Une surestimation de la probabilité de la maladie à partir d’informations cliniques

    Le professeur Bruno FALISSARD, pédopsychiatre à l’hôpital Robert Debré et professeur de biostatistiques, relève une forme de pessimisme dans les résultats de ce travail car les médecins ont surestimé que les patients étaient malades, à partir d’informations cliniques. Il fait référence à la psycho probabilité versus la physico probabilité, en expliquant que la médecine st plutôt construite autour de la physico probabilité. En réalité, et dans la vraie vie, la psycho probabilité est plutôt utilisée avec des éléments de langage comme « 20 chances sur 100 »   par exemple, ce qui signifie  « pas beaucoup », sans vraiment évaluer 100 cas. Bruno FALISSARD souligne donc que cet article compare des physico probabilités à des psycho probabilités qui sont des intuitions quantitatives. Il précise également que lorsqu’un patient vient exprimer une plainte au médecin, ce dernier a une tendance naturelle à lui trouver une pathologie. Or, lorsqu’un médecin voit une personne dans la rue, il sur attribue de l’importance à des signes car les sujets ne sont pas venus demander de l’aide.

    Une tendance à se surprotéger du faux-négatif

    Bruno FALISSARD explique que l’on accusera plus souvent un médecin de ne pas avoir fait un diagnostic à tort que l’inverse. Il existe une tendance à se surprotéger du faux-négatif.  La responsabilité provoque cette surestimation des probabilités et survalorise l’extrême probabilité, en dénigrant ce qu’est l’intuition. Or, selon Bruno FALISSARD, on a souvent raison de ne pas être rationnel, car en quinze minutes de consultation par patient, il est impossible de ne pas faire appel à l’intuition. Cet article, qui se montre un peu dur avec les médecins en leur démontrant qu’ils se trompent, oblige donc à réfléchir sur nos préjugés sur les tableaux cliniques car l’information transmise n’est pas mathématique et l’interprétation est souvent trop proche des chiffres.

    En conclusion, il est indispensable de laisser sa place à l’intuition sans tomber dans la rationalité à l’extrême par pression de la responsabilité et, quoi qu’il en soit, les quinze minutes de consultation obligent à faire appel au registre de l’intuition…

     

     

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    JDF