Pneumologie

BPCO et traitement par cellules souches: des espoirs et des zones d’ombre

L’intérêt des cellules souches pour le traitement de la BPCO peut laisser de bons espoirs mais il persiste encore beaucoup d’inconnues et une grande méfiance est de mise face à l’industrie parallèle qui se développe. D’après un entretien avec Anh-Tuan DINH XUAN.

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  • 03 Jun 2021
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    Une revue générale sur la médecine régénérative, dont les résultats sont parus en mai 2021 dans Chest, a fait le point sur l’utilisation des cellules souche en thérapie, notamment dans son application à la BPCO. Cette revue fait à la fois le point sur les données objectives de la médecine régénérative, notamment pour la BPCO, mais jette également n œil critique en évoquant ses limites actuelles.

    Des données objectives optimistes

    Le professeur Anh-Tuan DINH XUAN, pneumologue à l’hôpital Cochin, à Paris, explique que l’idée d’utiliser les cellules souches pour traiter la BPCO provient d’une raison simple : la BPCO est une maladie qui entraîne une destruction tissulaire avec un retentissement fonctionnel, pour laquelle on ne connait pas de traitement curatif. La thérapie régénérative par cellules souches donne donc beaucoup d’espoir, car outre le fait que les cellules souches permettent de régénérer les tissus, elles ont un intérêt anti-inflammatoire et immunomodulateur, puisqu’il n’y a plus d’influence délétère des désordres immunologiques sur le tissu bronchique. Anh Tuan DINH XUAN ajoute, que beaucoup d’études sur le sujet ont été réalisées et que l’innocuité de la thérapie régénérative a été prouvée, puisqu’aucun effet secondaire grave n’a été observé. Plusieurs modèles animaux ont été décrits dans cette approche physiopathologique et thérapeutique.

    Mais un manque de preuves et une industrie parallèle inquiétante

    Anh Tuan DINH XUAN souligne que, si cette thérapie donne de bons espoirs, aucune preuve de son efficacité n’est établie à l’heure actuelle. Les études comportent un nombre trop faible de patients, elles ne sont pas contrôlées ni reproduites. De ce fait, on manque encore d’un grand nombre de données pour juger de l’efficacité de la thérapie régénérative dans la BPCO. Anh Tuan DINH XUAN apprécie que les auteurs aient eux-mêmes précisé ce qui manque pour pouvoir avancer : il n’existe pas de consensus sur le type de cellules souches à utiliser, les critères d’inclusion des patients sont imprécis, notamment sur le type de BPCO dont ils sont atteints, le mode d’administration et la dose ne sont pas clairement définis, de même que la périodicité. Anh Tuan DINH XUAN regrette le développement d’une industrie parallèle avec la création de centres experts, notamment aux USA, qui incluent des patients et les envoient dans les pays voisins pour être soignés, sans critère de jugement d’efficacité. Le financement participatif en fait un commerce et non une activité scientifique. Malheureusement, ces centres se multiplient dans de nombreux pays et du vent est facturé à prix d’or.

    En conclusion, la thérapie régénérative par cellules souches dans le traitement de la BPCO a probablement un avenir mais il faut encore travailler pour prouver son efficacité et combattre les intérêts financiers d’une industrie parallèle non fondée sur des preuves scientifiques.

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    JDF