Pnumologie

BPCO : deux trajectoires différentes pour deux sous-types de maladie différents

Une modélisation de la progression de la BPCO a permis d’identifier deux profils évolutifs différents et deux modèles phénotypiques différents, ce qui présente un intérêt pour le dépistage des fumeurs à risque de BPCO. D’après un entretien avec Pierre-Régis Burgel.

  • 27 Fév 2020
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    Une étude, dont les résultats sont parus en décembre 2019, dans l’American Journal of Respiratory Critical Care Medicine, a cherché à identifier les différentes trajectoires de progression de la BPCO et les sous-types de patients avec des schémas de progression longitudinale distincts à l'aide d’un algorithme d’intelligence artificielle. L’utilisation des données des scanners sur les images inspiratoires et expiratoire, à l’inclusion et en cours de suivi par l’intelligence artificielle a permis l’identification de deux groupes de patients distincts.

     

    Une atteinte des grosses bronches versus bronchioles

    Le professeur Pierre-Régis Burgel, pneumologue à l’hôpital Cochin, souligne la complexité de cette étude et le remarquable travail effectué par ses auteurs. Il explique que l’enjeu est de comprendre l’hétérogénéité des phénotypes de BPCO avec une modélisation qui prend en compte les trajectoires  d’évolution des malades. L’originalité du travail réside dans l’exploration des images scannographiques en mode expiratoire et inspiratoire par un algorithme d’intelligence artificielle. Au total, deux tiers des sujets avaient une atteinte prédominante des petites voies aériennes puis un épaississement secondaire des grosses bronches, et un tiers des sujets avaient une atteinte des grosses bronches sans atteintes emphysémateuse ou des bronchioles. Le déclin était également différent et plus important dans le premier groupe, puisque le VEMS dépend de l’atteinte des petites voies aériennes.

     

    Une aide précieuse de l’intelligence artificielle pour les fumeurs

    Pierre-Régis Burgel explique que grâce à ces algorithmes, des anomalies sont visibles chez 30% des fumeurs qui n’ont pas encore développé de BPCO. Ces sujets ont 2,5 fois plus de chance de développer une BPCO. Il souligne que l’identification de deux trajectoires avec deux mécanismes physiopathologiques différents permet de mieux comprendre l’histoire naturelle de la BPCO. Même si les conséquences cliniques sont, pour l’instant, faibles, les résultats de ce travail vont permettre de dépister les fumeurs les plus à risque de développer une BPCO.

     

    En conclusion, cette étude apporte un argument supplémentaire confirmant l’existence de différents sous types de BPCO avec des trajectoires différentes. Ce retour vers le "pink puffer - blue bloater" pourrait avoir un impact intéressant dans le dépistage des fumeurs à risque.

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    JDF