Pneumologie

COVID-19 : l’expression du récepteur ACE-2 serait une explication à l’hétérogénéité des atteintes

L’expression du récepteur ACE2 chez l'homme âgé non-fumeur comparé au sujet asthmatique pourrait être une explication à l'épargne relative des asthmatiques par la COVID 19. Mais cela reste à confirmer. D’après un entretien avec Marco ALIFANO.

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  • 08 Avr 2021
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    Les auteurs d’étude, dont les résultats sont parus en mars 2021 dans Respirology, sont  partis du constat que le risque de développer une infection grave par le COVID-19 chez des sujets ayant des co-morbidités banales comme l’hypertension artérielle ou le surpoids était corrélé à l’expression du récepteur ACE-2, alors ciblé par les médicaments. Une cohorte de 145 personnes a été étudiée, enrichie de sujets asthmatiques et de sujets atteints de BPCO. L’expression du récepteur ACE2 et d’autres gènes potentiellement associés à la pénétration  du SARS-CoV-2 dans les cellules a été évaluée par PCR. L’expression de ce récepteur a ensuite été confirmée par immuno-histochimie sur des biopsies endo-bronchiques. 

    Le récepteur ACE-2 est un acteur de l’infection par COVID-19

    Le professeur Marco ALIFANO, chef de service de chirurgie thoracique à l’Hôpital Cochin, s’est antérieurement penché sur la question de l’expression du récepteur ACE-2 pour essayer de comprendre le rôle de ce récepteur dans la variabilité de la gravité de l’infection par le COVID-19. Une publication est alors parue en 2020 dans le Journal de Biochimie.  Il rappelle que le récepteur ACE2 n’est étudié que depuis une vingtaine d’années et, qu’avant l’épidémie de COVID-19, les connaissances sur le sujet restaient très modestes. La connaissance du niveau d’expression du récepteur ACE-2 dans les différents tissus est importante à connaitre car il est un des acteurs de l’infection par le coronavirus puisque ses spikes s’accrochent au récepteur ’ACE-2. Cela suggère donc intuitivement que les différents niveaux d’expression du récepteur ACE-2 auraient un impact sur la susceptibilité à l’infection sévère. En effet, les sujets asthmatiques ont un niveau d’expression du récepteur ACE-2 plus bas, ce qui pourrait expliquer qu’ils soient relativement épargnés lors de l’infection par le COVID-19.

    Une étude de puissance faible  qui ne permet pas de conclure

    Marco ALIFANO émet cependant un avis critique sur cette étude car la cohorte n’est pas assez large, ce qui confère une assez faible puissance à ces résultats. Il précise que les biopsies bronchiques des sujets infectés ont montré  que le virus chemine dans les voies aériennes et son interaction au niveau du poumon distal est à l’origine de la gravité de l’infection mais qu’on ne sait pas ce qu’il se passe avec le récepteur ACE-2 au niveau pulmonaire distal. De plus, on sait déjà que le niveau d‘expression du récepteur ACE-2 augmente avec l’âge et varie selon le sexe. Pour Marco ALIFANO, cette étude apporte des pistes mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour confirmer ces résultats, qui  ne permettent pas de conclure même s’ils suggèrent le rôle protecteur du faible niveau d’expression du récepteur ACE-2 chez les asthmatiques.

    En conclusion, le rôle  de l’expression du récepteur ACE-2 dans la variabilité de la gravité de l’infection par COVID-19  semble évident mais de nouvelles études, avec des cohortes importantes de patients sont nécessaires pour apporter des preuves solides.

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    JDF