Pédiatrie

Covid long de l’enfant : le risque est doublé après une réinfection

Chez l’enfant et l’adolescent, une réinfection par le SARS-CoV-2 à l’ère omicron double le risque de diagnostic de Covid long par rapport à une première infection, avec des atteintes multisystémiques cliniquement vérifiées. Ce signal, issu d’un vaste recueil de dossiers médicaux électroniques (RECOVER), justifie de prévenir les réinfections et d’organiser un suivi structuré des jeunes patients après Covid-19, même lorsque l’épisode aigu a été léger.

  • 02 Octobre 2025
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    Depuis 2020, le Covid long chez l’enfant reste mal cerné, avec des tableaux flous mêlant fatigue, céphalées, douleurs, dysautonomie et troubles cognitifs. L’émergence d’omicron a accru les réinfections, posant une question décisive : un second épisode accroît-il le risque de Covid long pédiatrique ? Cette cohorte rétrospective américaine, adossée aux EHR de 40 hôpitaux/structures pédiatriques (initiative NIH-RECOVER), a inclus 465 717 sujets de moins de 21 ans ayant une infection documentée entre le 1ᵉʳ janvier 2022 et le 13 octobre 2023. Parmi eux, 407 300 relevaient d’une première infection et 58 417 d’une seconde, âge moyen 8,17 ans (ET 6,58).

    Selon les résultats publiés dans The Lancet Infectious Diseases, l’incidence à six mois d’un diagnostic de Covid long serait de 903,7 par million après première infection contre 1883,7 par million après une seconde infection (réinfection). Après appariement et ajustements étendus, la réinfection augmentait le risque de Covid long avec un RR = 2,08 (IC à 95 % 1,68–2,59) lorsque l’on compare, à calendrier équivalent, la période suivant la seconde infection à celle suivant la première.

    Le sur-risque s’étend à 24 symptômes compatibles avec un Covid long

    Le sur-risque ne se limite pas au diagnostic de covid long (code U09.9 dans la base de donnée) : il s’étend à 24 symptômes/affections compatibles avec le Covid long, avec des RR de 1,15 à 3,60. Les signaux les plus marqués concernent la myocardite (RR à 3,6), les altérations du goût/odorat (2,8), la thrombophlébite/thrombo-embolie (2,3), ainsi que des atteintes cardiovasculaires plus globales, l’atteinte rénale aiguë, des troubles hydro-électrolytiques, des enzymes hépatiques anormales, des arythmies, des douleurs thoraciques et diffuses, la fatigue/malaise, les céphalées, les douleurs musculo-squelettiques et abdominales, des atteintes cutanées, la fièvre/frissons, des signes respiratoires, des troubles neurocognitifs (dont POTS/dysautonomie et déficits cognitifs) et la santé mentale.

    Des analyses par sous-groupes suggèrent des variations de risque selon l’âge, le sexe et l’appartenance raciale/ethnique, interpellant sur l’interaction avec les déterminants sociaux. Environ trois quarts des enfants étudiés étaient non vaccinés ; sans prouver un effet causal, les événements les plus sévères apparaissaient surtout chez les non vaccinés, en phase avec des travaux indiquant que la vaccination réduit indirectement le Covid long en limitant infections et formes aiguës sévères.

    Il est nécessaire de prévenir les réinfections et de renforcer le suivi des réinfections

    Le design est celui d’une cohorte rétrospective EHR utilisant une comparaison seconde vs première infection à l’ère omicron, synchronisant temps calendaire et temps post-infection pour isoler l’effet de la réinfection. Les épisodes étaient confirmés par PCR/antigène ou diagnostic clinique, avec un intervalle ≥60 jours entre infections pour limiter les confusions. L’ajustement s’appuie sur un score de propension avec nombreuses covariables (démographie, comorbidités, recours aux soins), et l’estimation sur un modèle de Poisson modifié ; des analyses de sensibilité (dont contrôles négatifs) renforcent la robustesse. Points forts : taille de l’échantillon, standardisation et contrôle qualité des données RECOVER, diagnostics cliniquement vérifiés de Covid long. Limites : tests à domicile non capturés (sous-détection possible), incertitude de l’index date, variabilité d’usage du code U09.9, différences initiales de comorbidité/recours aux soins malgré l’appariement, absence de témoins non infectés pour les incidences absolues, sous-représentation de certains groupes. Ces éléments invitent à une généralisation prudente, sans remettre en cause le gradient de risque observé.

    Selon les auteurs, à la lumière de ces chiffres, il est nécessaire de prévenir les réinfections (mise à jour vaccinale, messages ciblés aux familles), de renforcer le dépistage en soins primaires et pédiatrie spécialisée (triage systématique des plaintes cardio-respiratoires, dysautonomie/POTS, troubles cognitifs), d’organiser des parcours coordonnés (cardiologie, rééducation à l’effort, santé mentale). Les priorités de recherche restent d’identifier les sous-groupes à haut risque, de quantifier l’effet cumulatif des réinfections, d’évaluer l’impact des rappels vaccinaux actualisés sur l’incidence et la durée du Covid long, et de développer des essais pragmatiques de stratégies de prise en charge. En bref, la réinfection compte, y compris chez les jeunes, elle augmente le risque de Covid long ou de symptômes divers, parfois graves, et impose une vigilance clinique soutenue.

     

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