Pédiatrie

Covid-19 : un rhume récent réduirait le risque d’infection ultérieure chez l’enfant

Une  infection à rhinovirus dans les 30 jours précédant une exposition au SARS-CoV-2 réduirait significativement le risque d’infection à ce virus et la charge virale nasale, en particulier chez l’enfant. Cette interférence virale, impliquant la sécrétion d’interféron, pourrait expliquer leur moindre susceptibilité clinique au Covid-19.

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  • 26 Août 2025
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    Depuis les premiers mois de la pandémie de Covid-19, des différences marquées ont été observées entre enfants et adultes en termes de susceptibilité et de sévérité clinique. Alors que les enfants ont une charge virale souvent plus faible et une forme clinique bénigne, les mécanismes sous-jacents restent partiellement incompris.

    L’étude HEROS (Human Epidemiology and Response to SARS-CoV-2), conduite de mai 2020 à février 2021 auprès de 1156 participants (dont 70 % d’enfants), apporte un éclairage inédit : une infection à rhinovirus dans les 30 jours précédant une exposition au SARS-CoV-2 réduirait de 48 % le risque d’infection (HR ajusté = 0,52 ; p = 0,034), et multiplierait par 9,6 la réduction de la charge virale nasale en cas d’infection (p = 0,0031). Elle est publiée dans le Journal of Infectious Diseases.

    Ces effets s’expliqueraient par l’induction d’une signature génétique antivirale : l’expression de 57 gènes, dont 24 liés aux défenses antivirales, est inversement corrélée à la charge virale SARS-CoV-2. Chez les enfants, cette signature est significativement plus élevée que chez les adultes (p = 0,014), avec un risque d’infection à rhinovirus multiplié par 2,2.

    Rhinovirus : un stimulateur naturel des défenses antivirales

    Les analyses transcriptomiques, réalisées sur 147 prélèvements nasaux avant infection par le SARS-CoV-2 et 391 prélèvements pendant ou avant infection à rhinovirus, confirment que l’induction de gènes liés à la voie des interférons est fortement associée à une réduction de la réplication virale ultérieure. Vingt-deux des 24 gènes antiviraux protecteurs sont induits par l’infection à rhinovirus. Ce phénomène, qualifié d’interférence virale hétérologue, était particulièrement marqué chez les enfants, souvent exposés à des infections virales multiples et fréquentes.

    L’étude n’a pas identifié de lien entre cette protection et la sévérité clinique de la Covid-19, possiblement en raison du faible taux d’hospitalisations dans cette cohorte pédiatrique. Aucun événement indésirable ou majoration du risque pathologique lié aux infections à rhinovirus n’a été rapporté, ce qui conforte l’idée d’un effet immunostimulant transitoire sans conséquence clinique négative.

    Représentativité nationale et implications cliniques

    HEROS est une étude prospective multicentrique menée dans 12 villes américaines, avec un protocole rigoureux de suivi longitudinal basé sur un autoprélèvement nasal. Plus de 10 000 échantillons ont été analysés pour 21 agents pathogènes respiratoires, couplés à un séquençage ARN ciblé sur les gènes immunitaires. L’approche permet une lecture fine de l’interaction entre infections virales successives, profil immunitaire basal et susceptibilité au SARS-CoV-2.

    Ce travail offre la première preuve directe, chez l’humain et in vivo, d’un effet protecteur d’un virus respiratoire bénin contre le Covid-19, en lien avec l’induction d’interférons. Ces résultats soutiennent un rôle protecteur des interférons induits par des infections respiratoires courantes dans la réponse précoce au SARS-CoV-2.

    Selon les auteurs, ces résultats suggèrent que l’environnement virologique, notamment en pédiatrie, module la réponse aux infections émergentes, comme il le fait pour les infections virales plus banale (les co-infections virales sont rares). Ils ouvrent des perspectives de prévention, notamment en explorant des stratégies de modulation transitoire de l’immunité innée (par des analogues d’ARN viral ou des inducteurs d’interférons), particulièrement utiles chez les patients à risque. À plus long terme, cette étude renforce l’idée que la compréhension fine de l’écologie virale respiratoire est un levier essentiel pour anticiper et contrôler les pandémies virales futures.

     

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    JDF