Onco-Sein

Cancer du sein RH+ : nouvelle cible contre les bouffées de chaleur liées à l’hormonothérapie

Les bouffées de chaleur induites par le traitement hormonal du cancer du sein sont fréquentes et délétères. Le traitement par l’elinzanetant, un antagoniste des récepteurs NK-1 et NK-3, réduit significativement leur fréquence et leur sévérité, tout en améliorant la qualité de vie, ceci sans signal de tolérance préoccupant.

  • Rasi Bhadramani/istock
  • 22 Aoû 2025
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    Les traitements endocriniens du cancer du sein RH+ (tamoxifène, inhibiteurs de l’aromatase, ± analogues de la GnRH) sont efficaces, mais s’accompagnent fréquemment d’effets secondaires vasomoteurs, parfois sévères, responsables d’une altération de la qualité de vie et de non-observance thérapeutique alors qu’ils sont essentiels pendant 5 à 10 ans. Dans ce contexte, l’elinzanetant, une molécule ciblant les récepteurs des neurokinine-1 et -3 (NK-1 et NK-3) impliqués dans la dysrégulation hypothalamique de la thermorégulation, a été évaluée dans une étude de phase 3.

    OASIS-4, une étude randomisée a inclus 474 femmes âgées de 18 à 70 ans, sous traitement endocrinien pour cancer du sein RH+ ou en prévention, et souffrant de bouffées de chaleur modérées à sévères. Les participantes ont été réparties selon un ratio 2:1 pour recevoir soit l’elinzanetant 120 mg/j pendant 52 semaines, soit un placebo pendant 12 semaines suivi de l’elinzanetant jusqu’à 52 semaines (cross-over).

    Dès la 4e semaine, une réduction significative de la fréquence moyenne quotidienne des symptômes vasomoteurs est observée dans le groupe elinzanetant (–6,5 vs –3,0 épisodes ; p < 0,001), confirmée à la 12e semaine (–7,8 vs –4,2 épisodes ; p < 0,001), attestant d’un effet rapide et cliniquement pertinent. Le traitement permet également une amélioration plus marquée de la qualité du sommeil et du vécu ménopausique. L’étude est publiée dans le New England Journal of Medicine.

    Efficacité confirmée dans la durée et bon profil de tolérance

    Les données secondaires renforcent l’intérêt clinique de l’elinzanetant dont la dynamique de réponse est précoce. À 4 semaines, 61 % des femmes traitées rapportent une réduction d’au moins 50 % de la fréquence des symptômes, contre 27 % sous placebo. Après crossover, les femmes initialement randomisées dans le groupe placebo bénéficient d’un effet comparable à celles traitées d’emblée. L’amélioration de la qualité de vie liée à la ménopause, ainsi que du sommeil, est significative à 12 semaines.

    En termes de tolérance, les événements indésirables rapportés pendant les 12 premières semaines concernent 69,8 % des patientes sous elinzanetant versus 62 % sous placebo, sans différence majeure concernant les événements indésirables sévères (2,5 % vs 0,6 %). Les effets secondaires les plus fréquents sont la fatigue, les céphalées et la somnolence. Aucun signal hépatique n’a été observé, contrairement à ce qui a été rapporté avec d'autres molécules de la même classe. Fait notable, 91,6 % des patientes ayant terminé les 52 semaines ont souhaité poursuivre le traitement dans une phase d’extension en ouvert.

    Une étude robuste aux implications cliniques concrètes

    OASIS-4 est un essai international rigoureux, randomisé, en double aveugle, qui fournit des données solides sur l’efficacité et la tolérance de l’elinzanetant dans une population spécifique, jusqu’ici peu explorée. La représentativité est bonne pour des patientes symptomatiques de 18–70 ans sous traitement endocrinien, mais l’extrapolation à des profils plus âgés, à certaines comorbidités ou à des contextes thérapeutiques spécifiques mérite confirmation, de même que d’éventuelles interactions avec l’âge, le statut ménopausique ou le type d’endocrinothérapie.

    Le crossover précoce et la durée de suivi limitée ne permettent cependant pas d’évaluer l’impact sur la survie sans récidive ou la survie globale, mais une hypothèse forte émerge : en améliorant la tolérance des traitements hormonaux, l’elinzanetant pourrait favoriser leur observance et ainsi améliorer indirectement les résultats oncologiques. Ces bénéfices potentiels doivent être confirmés dans des études plus longues intégrant des données de pharmacovigilance et de métabolisme hormonal.

    Selon un éditorial associé, l’elinzanetant représente une avancée thérapeutique crédible dans la prise en charge des symptômes vasomoteurs invalidant chez les femmes traitées par anti-estrogènes pour cancer du sein RH+, population où l’hormonothérapie substitutive est contre-indiquée et les options thérapeutiques limitées. Une meilleure stratification selon l’âge, le statut ménopausique et le type de traitement hormonal pourrait affiner les indications dans une perspective de médecine personnalisée.

     

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    JDF