Pneumologie
BPCO : un lien entre la sensibilisation aspergillaire et les bouchons muqueux
La sensibilisation aspergillaire est associée à la présence de bouchons muqueux dans la BPCO, mais n’en est pas le seul déterminant. Toutefois, la recherche de ces biomarqueurs pour évaluer la sévérité de la BPCO pourrait permettre de personnaliser davantage la prise en charge de ces patients. D’après un entretien avec Olivier LE ROUZIC.

Une étude, dont les résultats sont parus en février 2025, dans l’International Journal of Chronic Obstructive Pulmonary Disease, a cherché à analyser le lien existant entre la sensibilisation aspergillaire et la présence de bouchons muqueux chez des patients atteints de BCPO sévère. Il s’agit d’une étude rétrospective chinoise, pour laquelle les auteurs ont inclus 378 patients atteints de BPCO, dans un hôpital de Pékin, entre octobre 2018 et septembre 2023. Ils ont tous bénéficié d’une mesure des IgE spécifiques d’Aspergillus fumigatus et 29 d’entre eux étaient sensibilisés avec un score d’IgE spécifiques supérieur à 0,35. Parmi les 349 autres patients, 58 ont été sélectionnés et comparés aux 29 patients ayant une sensibilisation aspergillaire. Tous les patients ont bénéficié d’un scanner thoracique pour visualiser la présence de bouchons muqueux.
La sensibilisation aspergillaire expliquerait en partie la survenue de plugs
Le professeur Olivier LE ROUZIC, pneumologue dans le service de Pneumologie-Allergologie, du Centre Hospitalier Universitaire de Lille, rappelle que la sensibilisation aspergillaire aggrave la sévérité de la BPCO, altère davantage la fonction respiratoire et augmente la sécrétion de mucus. D’autre part, la formation de bouchons muqueux, ou plugs, altère la qualité de vie des patients. Il relève que, dans cette étude, les patients sensibilisés à l’Aspergillus fumigatus avaient déjà une fonction respiratoire plus altérée que les autres et 59% d’entre eux (versus 31% dans le groupe non sensibilisé) avaient des plugs. Olivier LEROUZIC précise que l’analyse multivariée a montré que lorsque les IgE spécifiques à l’Aspergillus fumigatus étaient supérieurs à 0,7, le risque de formation de bouchons muqueux était multiplié par 4,7. Cette sensibilisation aspergillaire pourrait donc expliquer la formation des plugs. Il souligne qu’il n’y avait pas de différence de prévalence de l’asthme et des allergies chez les patients sensibilisés à l’aspergillus.
Des biomarqueurs à cibler
Olivier Le ROUZIC insiste sur le fait que la population étudiée dans ce travail est d’un volume trop faible pour pouvoir conclure formellement. En effet, 31% des patients ont des plugs sans avoir de sensibilisation aspergillaire. Ainsi, cette dernière ne peut pas être considérée comme le seul déterminant des patients sévères. Olivier LE ROUZIC explique qu’i est important de la rechercher, ainsi que la présence de bouchons muqueux et, une fois ces marqueurs identifiés et ciblés, il pourrait être possible de déterminer les thérapeutiques à mettre en place. Pour lui, le lien entre la sensibilisation aspergillaire et la présence de plugs est bel et bien existante mais n’explique pas tout. A partir de la constatation de ce lien, il faut réfléchir à ce que l’on peut proposer ensuite pour améliorer le contrôle des patients atteints de BPCO sévère.
En conclusion, il existe un lien entre la sensibilisation aspergillaire et la présence de bouchons muqueux au scanner thoracique chez les patients atteints de BPCO, qui est associée à une altération plus sévère de la fonction respiratoire mais les résultats de cette étude en permettent pas de prouver que ce lien en est le seul déterminant.