Pneumologie

Les comorbidités, un déterminant du contrôle de la BPCO et inversement.

La bonne prise ne charge des comorbidités, notamment cardiovasculaires est le garant d’une meilleure qualité de vie des patients atteints de BPCO. De même, une prise en charge correcte de leur BPCO permet d’espérer une meilleur équilibre de leurs comorbidités cardiovasculaires. D’après un entretien avec Maeva ZYSMAN.

  • 22 Fév 2024
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    Une étude espagnole, dont les résultats ont parus en janvier 2024 dans le BMC Pulmonary Medicine, a cherché à mesurer l’impact de la prise en charge des comorbidités sur la qualité de vie des patients atteints de BPCO. Il s’agit d’une étude observationnelle, multicentrique et transversale ayant inclus une cohorte de 4801 patients atteints de BPCO sévère. Les auteurs ont observé les critères de contrôle clinique de la BPCO et le taux d’exacerbations au cours des trois derniers mois et ont identifié les comorbidités potentiellement associées au manque de contrôle de la BPCO. Les critères d’évaluation secondaires étaient les liens entre les comorbidités prises individuellement, les mesures d’évaluation de la BPCO et le taux d’exacerbations au cours des trois derniers mois.

     

     

    Cibler les cardiologues et les pneumologues

     

    Le professeur Maeva ZYSMAN, responsable de l’unité de pneumologie et ventilation et de l’unité de pneumologie ambulatoire du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, explique que ce travail a pour intérêt de confirmer des éléments que l’on connaissait déjà, grâce à l’important volume de la cohorte de patients et au degré de sévérité de leur BPCO, ce qui confère une grande force à cette étude. Des données issues de cohortes et des données prospectives avaient déjà permis de fortement suspecter  l’impact des comorbidités, surtout cardiovasculaires sur la qualité de vie des patients atteints de BPCO. Elle explique que le message majeur à retenir es de rechercher systématiquement les comorbidités chez les patients suivis pour une BPCO, le lien entre comorbidités et exacerbations de BPCO étant très fort, puisqu’on observe de façon significative une aggravation ou un déclenchement de maladies cardiovasculaires après une exacerbation de BPCO. Maeva ZYSMAN souligne ainsi, qu’en dépistant et traitant correctement les maladies cardiovasculaires, un impact positif est possible sur la BPCO. Inversement, parmi les patients insuffisants cardiaques, un tiers ont une BPCO et seulement un tiers de cette population a un diagnostic de BPCO établi. Il est donc nécessaires de cibler les cardiologues et les pneumologues pour les inciter à dépister les comorbidités associées, s’impactant les unes avec les  autres.

     

     

    Et un cortège d’autres comorbidités

     

    Maeva ZYSMAN préciser qu’en sus des comorbidités cardiovasculaires, qui sont prépondérantes, il existe un cortège d’autres comorbidités impactant la qualité de vies des patients atteints de BPCO. Elle cite notamment le diabète, le syndrome d’apnée du sommeil, l’obésité, l’ostéoporose ou encore les syndromes anxio-dépressifs. Elle rappelle que des études, plutôt prospectives, ont tenté de montré le bénéfice d’une amélioration des paramètres du syndrome anxiodépressif avait un impact sur la BPCO, mais ces études ne sont pas assez fortes. Ils en va de même concernant les travaux sur l’ostéoporose et la BPCO. Toutefois, il est licite de suspecter que de l’équilibre d’une maladie chronique dépend l’équilibre de l’autre chez un même patient.

     

     

    En conclusion, un travail main dans la main entre cardiologues et pneumologues est indispensable pour équilibrer la qualité de vie des patients BPCO bien souvent atteints de maladies cardiovasculaires et vice-versa. Le dépistage systématique des comorbidités et leur prise  en charge correcte peut apporter un réel bénéfice chez ces patients, notamment en termes de mortalité.

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    JDF