Rhumatologie

PR avec pneumopathie interstitielle : les anti-TNF sont-ils à risque ?

Une large étude observationnelle nationale chez les vétérans aux États-Unis montre qu’en cas de polyarthrite rhumatoïde associée à une pneumopathie interstitielle, les anti-TNF ne seraient pas plus à risque d’aggravation de la pneumopathie que les autres traitements.

  • Dr_Microbe/istock
  • 18 Nov 2023
  • A A

    Il existe peu de données permettant d'orienter le choix des DMARD biologiques et JAKi dans la polyarthrite rhumatoïde avec pneumopathie interstitielle (PR-ILD), certaines études observationnelles faisant état d'une mortalité plus élevée lors de l'utilisation des anti-TNF dans cette population, mais les PR sous anti-TNF sont bien sûr plus sévères que celle sous traitement de fond non biologique.

    Les patients souffrant de pneumopathie interstitielle associée à une polyarthrite rhumatoïde (PR-ILD) qui commencent un anti-TNF semblent avoir des taux de survie et d'hospitalisation liés à la fonction respiratoire similaires à ceux qui commencent un traitement de fond biologique non-TNFi (bDMARD) ou avec un inhibiteur de Janus kinase (JAKi). Tels sont les résultats d'une vaste étude pharmaco-épidémiologique présentés lors du congrès annuel 2023 de l'American College of Rheumatology (ACR 2023).

    Pas de différence entre les anti-TNF et les autres traitements de fond

    Parmi les 1 046 patients atteints de PR-ILD répondant aux critères d'éligibilité (n=704 TNFi), 237 initiateurs d’anti-TNF ont été appariés à 237 initiateurs non TNFi/JAKi dans les analyses primaires (âge moyen 68 ans, 92% d'hommes). Les différences standardisées moyennes des variables sont passées de 0,19 à 0,05 après l'appariement, bien que quelques variables soient restées légèrement déséquilibrées (VS, CRP, utilisation de corticostéroïdes inhalés et indice de masse corporelle). L'adalimumab (51 %) et l'étanercept (37 %) étaient les anti-TNF les plus fréquemment utilisés, tandis que le rituximab (53 %) et l'abatacept (28 %) étaient les non-TNFi/JAKi les plus fréquemment prescrits.

    Il n'y a pas de différence significative dans le critère principal entre les non-TNFi/JAKi et les TNFi (HR 1,19 [0,91, 1,56] ; aHR 1,22 [0,92, 1,60]). Il n'y a pas non plus de différences significatives en ce qui concerne les hospitalisations pour troubles respiratoires, la mortalité toutes causes confondues ou les décès liés aux troubles respiratoires. Dans les analyses de sensibilité avec modifications des critères d'admissibilité dans les cohortes, aucune différence significative dans les résultats n’est observée entre les patients traités par des médicaments non TNFi/JAKi et ceux traités par des anti-TNF.

    Les données nationales de la Veterans Health Administration des États-Unis

    Pour les besoins de l'étude, les chercheurs ont analysé les données de la Veterans Health Administration des États-Unis entre 2006 et 2018 pour identifier les patients souffrant de PR-ILD initiant un anti-TNF ou un biologique non TNFi  ou un JAKi en initiation. Ceux qui ont reçu des traitements ciblant la pneumopathie interstitielle, tels que le mycophénolate mofétil et les antifibrosants, ont été exclus de l'analyse.

    Les chercheurs ont utilisé des algorithmes administratifs validés faisant appel à plusieurs codes de diagnostic de la PR et de la VA pour identifier les cas de RA-ILD et ont eu recours à l'appariement par score de propension 1:1 pour comparer les facteurs liés aux anti-TNF et aux médicaments biologiques non TNFi ou les JAKi, tels que l'utilisation des soins de santé, les comorbidités et plusieurs facteurs liés à la PR-ILD, tels que la capacité vitale forcée avant traitement, obtenus à partir des dossiers de santé électroniques et des données administratives. Le critère principal était un composite du temps jusqu'à l'hospitalisation liée à un trouble respiratoire ou le décès en utilisant des modèles de régression de Cox.

    Une étude « négative » qui est plutôt rassurante

    Dans cette étude observationnelle, les chercheurs n'ont pas été en mesure de démontrer une différence significative dans le risque d'hospitalisation ou de décès lié à des troubles respiratoires entre les personnes souffrant de PR-ILD qui ont commencé à recevoir un traitement par des médicaments non TNFi ou JAKi et un traitement par des anti-TNF.

    Cette étude observationnelle qui rentre théoriquement dans la catégorie des études négatives apporte cependant des informations importantes car elle fournit des données de sécurité nécessaires : les chercheurs n'ont pas été en mesure de démontrer que les anti-TNF entraînaient une aggravation de la PR-ILD sévère

    Bien que cette étude ne porte pas sur l'utilisation de ces médicaments pour le traitement de la PR-ILD, ces données suggèrent que les anti-TNF pourraient rester une option thérapeutique à visée articulaire chez les personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde avec pneumopathie interstitielle.

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF