Médecine interne
Lupus : un CAR-T cell met cinq malades réfractaires en rémission prolongée
Cinq adultes souffrant d'un lupus actif et réfractaire aux immunosuppresseurs ont été traités par CAR-T cell, avec déplétion lymphocytaire B secondaire et mise en rémission.
- Maks_Lab/iStock
À ce jour, aucun traitement ne permet de guérir du lupus. Les traitements immunosuppresseurs existants permettent de prévenir et de soigner les poussées et les éventuelles complications.
De nouveaux traitements immunitaires ont été développés ces dernières années mais ne permettent pas de traiter tous les malades, car il s'agit d'une affection très hétérogène.
Un CAR-T cell anti-CD19 pour lutter contre le lupus
Récemment, des chercheurs de l'université de Nuremberg en Allemagne ont ainsi décidé de réaliser des travaux afin de tester l’efficacité d’une thérapie cellulaire, appelée "Chimeric Antigen Receptor (CAR)-T cells". Utilisée pour traiter certains types d'hémopathies, ce traitement consiste à collecter les lymphocytes T du malade et à les modifier afin qu’ils attaquent une cible spécifique, une fois que ces cellules sont réinjectées dans l’organisme. Dans le cas du lupus, le CAR-T cell cible le récepteur CD19, une protéine présente sur les lymphocytes B, très impliqués dans la pathogénèse du lupus.
Pour mener à bien leur étude publiée dans la revue Nature Medicine, les scientifiques ont recruté cinq adultes, âgés en moyenne de 22 ans, atteints d’un lupus sévère avec atteintes multi-organes. Les patients ont eu recours à des traitements immunosuppresseurs, mais ces derniers ne se sont pas montrés efficaces pour venir à bout de la pathologie. Dans le cadre des recherches, les participants ont bénéficié des CAR-T cells à titre compassionnel.
Mise en rémission prolongée
Les cellules CAR T ont entraîné une déplétion profonde des lymphocytes B, une amélioration des symptômes cliniques et une normalisation des paramètres biologiques, y compris les anticorps anti-ADN double brin. La rémission du LED selon les critères DORIS a été obtenue chez les cinq patients après 3 mois et le score médian de l'indice d'activité de la maladie du lupus érythémateux systémique après 3 mois est de 0.
La rémission sans traitement a été maintenue pendant un suivi plus long (médiane de 8 mois après l'administration des CAR-T cells) et même après la réapparition des lymphocytes B, qui a été observée après une moyenne de 110 jours après le traitement par CAR-T cells. Les lymphocytes B qui réapparaissaient étaient naïfs et présentaient des récepteurs de lymphocytes B non différenciés.
L’équipe a également constaté que les effets secondaires de cette thérapie cellulaire étaient légers. "Le traitement a été bien toléré avec seulement un léger syndrome de libération de cytokines", ont précisé les scientifiques. Désormais, ils comptent déterminer si le système immunitaire a réellement subi une "réinitialisation profonde" et va "agir" normalement durant les prochaines années. "Un suivi plus long des patients est important pour vérifier s'ils bénéficient d'une rémission à long terme et s'ils sont finalement guéris du lupus", a déclaré Georg Schett, auteur de l’étude, dans un communiqué.











