onco-dermatologie
Mélanome et immunothérapie : gare aux effets secondaires tardifs après l’introduction
Les inhibiteurs de checkpoints (anti-PD-1 tels que nivolumab ou pembrolizumab) font désormais partie du gold standard de la prise en charge du mélanome métastatique et restent connus pour être pourvoyeurs d’effets secondaires immuno-induits dans un délai médian de 40 jours après introduction. Cependant, des effets secondaires ont été rapportés au-delà de deux ans après initiation du traitement, certains de haut garde (III-IV) et doivent faire prolonger la surveillance post-traitement.
- Istock/Meletios Verras
Près de 70% des patients sous immunothérapie expérimentent un effet secondaire et près de 10% un effet secondaire sévère de grade III à IV. Ces effets secondaires sont désormais connus et leur prise en charge codifiée. Les effets secondaires retardés, bien que décrits et faisant l’objet de case-reports, n’ont pas fait l’objet d’étude dédiée. Une étude publiée dans Cancers (doi.org/10.3390/cancers13194928) a utilisé RIC-Mel, une cohorte nationale sur le mélanome qui répertorie les caractéristiques du mélanome, les traitements et les effets secondaires afférents à ces traitements. Tout mélanome sous immunothérapie avec un effet secondaire sévère tardif a été inclus et a fait l’objet d’analyses uni et multi variées.
Un surrisque d’effets immuno-induits retardés pour les patients avec un mélanome SSM
Le mélanome type SSM et l’administration antérieure d’autres lignes de traitements semblent être des facteurs de risque indépendants des effets secondaires à l’immunothérapie survenant au-delà de deux ans. Contrairement à certains effets secondaires précoces (comme le vitiligo), l’apparition d’effets secondaires tardifs n’est pas corrélé à la réponse tumorale au traitement.
Le substratum scientifique : l’environnement lymphocytaire
Le sur-risque pour les patients ayant bénéficié de précédentes lignes indique un effet cumulatif plus que dose-dépendant plutôt lié aux effets secondaires aigus. Le SSM ressort comme facteur de risque, sous-tendu par l’hypothèse que la longue phase horizontale de développement permet d’avoir un temps de contact suffisant avec le micro-environnement immun permettant la création de davantage de lymphocytes T cytotoxiques et donc, davantage d’effets secondaires.
Vers un suivi prolongé post-immunothérapie monitoré à échelle individuelle ?
Les patients présentant un SSM semblent plus à même de faire des effets secondaires immuno-induits long terme de forme grave. Il parait intéressant que les praticiens proposent des suivis a minima biologiques, pour ne pas méconnaitre des effets retardés de l’immunothérapie. Les oncologues pourront s’appuyer sur des apps sur smartphone de plus en plus nombreuses pour recueillir précocement des effets secondaires. Cette étude pourrait être la première étape d’un suivi à échelle individuelle selon les facteurs de risque intrinsèques du patient.











