Cardiologie
HTA : seul un hypertendu traité sur deux est bien contrôlé
Un adulte sur trois est hypertendu, un sur deux l’ignore, et un patient traité sur deux n’est pas contrôlé. En cause notamment la mauvaise observance thérapeutique, qui peut découler d’une méconnaissance de la maladie et d’une défiance vis-à-vis des traitements. Un meilleur dialogue médecin/patient est indispensable.
- rogerashford/istock
« En France, seul un hypertendu sur deux est traité et parmi les hypertendus traités, seule la moitié sont bien contrôlés », rapporte le Dr Bernard Vaisse, cardiologue, responsable de l’unité d’HTA et de médecine vasculaire à l’hôpital de la Timone à Marseille.
Plusieurs études, menées notamment aux Etats-Unis et en Chine, ont montré que l’ajout d’un médicament permet de normaliser une proportion plus importante de patients. On sait ainsi qu’une monothérapie antihypertensive permet de contrôler en moyenne 50 % des hypertendus, une bithérapie de 70 à 70 % et une trithérapie quelque 85 % des patients.
En moyenne 1,7 antihypertenseur
Et alors que l’arsenal thérapeutique est très large, autorisant des combinaisons et associations de traitement permettant de cibler les différents mécanismes physiopathologiques de l’HTA, les hypertendus reçoivent seulement en moyenne 1,7 médicament, en France comme dans d’autres pays occidentaux.
« Les patients prennent en moyenne moins d’antihypertenseurs qu’ils ne le devraient, et l’un des facteurs en cause est la mauvaise observance thérapeutique, largement motivée par la méconnaissance de la maladie et la peur des effets secondaires », estime le Dr Vaisse.
Expliquer les enjeux du traitement
Une bonne compréhension des enjeux du traitement est essentielle pour une observance correcte. L’HTA est une maladie silencieuse et on traite donc un patient sans symptôme pour apporter une protection future. Grâce aux traitements antihypertenseurs, on a, en deux décennies, divisé par 4 l’incidence des accidents vasculaires cérébraux.
Le traitement a aussi un impact important sur le risque de démence, associée à une atteinte vasculaire dans la moitié des cas et bien sûr sur le risque d’insuffisance cardiaque. Tous ces effets protecteurs sur le long terme doivent être expliqués aux patients, notamment aux plus jeunes qui souvent ne ressentent aucun bénéfice immédiat du traitement et estiment « qu’il leur fait plus de mal que de bien », indique le Dr Thierry Denolle, responsable du centre d’excellence d’HTA de Rennes-Dinard.
Peu d’effets secondaires
« Fatigue, œdèmes des membres inférieures, toux ou troubles sexuels peuvent en effet survenir, mais le réflexe de doit pas être d’arrêter son traitement mais d’en parler avec son médecin afin qu’il l’adapte ».
L’oubli du traitement est aussi un facteur de mauvaise observance, qui peut être contré par une ritualisation de la prise des médicaments. On peut par exemple proposer au patient de prendre son traitement au moment d’un autre rituel, comme le lavage des dents.
Des objectifs à atteindre
« Pour atteindre les objectifs tensionnels (PA < 140/90 mm Hg, voire 130/80 mm Hg), le traitement médicamenteux est associé à des mesures hygiéno-diététiques, au nombre de 4 », rappelle le Dr Denolle : faire du sport, de l’activité physique, ne pas boire plus de 2 verres par jour d’alcool, perdre du poids en présence d’un surpoids et suivre un régime peu salé, en évitant de resaler bien sûr mais aussi de consommer du sel caché (fruits de mer, charcuterie, fromage, bouillon cube…).
Un bénéfice à traiter aussi chez le sujet âgé
Les sujets âgés tirent également un bénéfice du traitement antihypertenseur qui, prescrit à bon escient et à la bonne posologie pour éviter le risque d’hypotension orthostatique et donc de chutes, permet de réduire le risque de complications.
L’interview du Dr Bernard Vaisse
L’interview du Dr Thierry Denolle











