Onco-sein
Cancers du sein triple négatif mutés BRCA : les anti-PARP en phase précoce à l’ASCO.
Bien que d’impact thérapeutique beaucoup moins évident que les résultats de l’étude Olympia présentée à l’ASCO le même jour, l’étude NEOTALA testant le talazoparib en monothérapie en néoadjuvant des cancers du sein triple négatif mutés BRCA, n’est pas dénuée d’intérêt avec des taux de réponse complète histologique quasiment de 50%.
- MaRussya/istock
Le talazoparib, anti PARP inhibiteur via son action à la fois d’inhibition catalytique de PARP et de piégeage de l’enzyme, a démontré son activité anti tumorale en phase métastatique des cancers du sein HER2-, BRCA muté, dans l’essai EMBRACA avec un bénéfice démontré en survie sans progression chez des patientes déjà pré traitées vs chimiothérapie.
A l’instar de l’étude Olympia, la question se pose d’évaluer l’impact des anti PARP en phase précoce chez les patientes mutées BRCA dont on sait d’une part leurs risques augmentés de survenue de cancer du sein et de l’ovaire et dont on connait la sensibilité à cette classe thérapeutique.
Une population ciblée : BRCA mutée et triple négative.
L’étude NEOTALA, phase II, présentée à l’ASCO par JK Litton, testant chez les patientes BRCA mutée, présentant un cancer du sein triple négatif en phase précoce, accessible à une prise en charge néoadjuvante, un traitement par Talazoparib en monothérapie suivie d’une chirurgie, montre des taux de réponse complète histologique frôlant les 50%.
En pratique, 61 patientes ont été incluses. Elles présentaient un cancer du sein HER 2-, avec au final sur la population 100% de tumeurs triple négative, localisé, accessible à un traitement néoadjuvant, avec une mutation BRCA 1 ou BRCA 2 connues, de plus de 1.5 cm, avec atteinte ganglionnaire possible. Elles recevaient une monothérapie par Talazoparib à la dose de 1mg/jour, pouvant être diminué à 0.75 mg/jour, pendant 24 semaines. La chirurgie était réalisée dans les 4 à 6 semaines suivant l’arrêt du traitement.
Le critère de jugement principal était le taux de réponse histologique complète dans la population « évaluable », c’est-à-dire celles ayant reçu au moins 80% de la dose prévue, ayant bénéficié de la chirurgie mammaire mais également celles ayant progressé sous traitement, représentant 48 patientes (78%).
Un taux de réponse complète histologique de presque 50%.
La population avait un âge médian 44.6 ans, 100% de tumeurs triples négatives, 80% de tumeurs mutées BRCA1, 44% de stade II, 23% de stade III. La durée moyenne de prise de traitement était de 23.3 semaines et 90.2% des patientes ont reçu le traitement pendant au moins 20 semaines.
Le taux de réponse complète histologique dans la population « évaluable » établi par un comité indépendant est de 45.8% et de 49.2% dans la population en intention de traiter (IC 95% 36.7% à 61.6%). Dans la population en intention de traiter, 1.6% des patientes sont classées RCB I, 27.9% RCBI II, et aucune RCB III. Par contre, 16.4% (10) des patientes ont une maladie progressive d’emblée sous traitement.
Une toxicité non négligeable.
98.4% des patientes ont rapportées des effets secondaires dont 42.6% de grade 3. Le plus fréquent est l’asthénie, majoritairement de grade 1 (55%), puis les nausées (50.8% de grade1). Par contre 39.3% des patientes ont eu une anémie de grade 3, et 20% ont nécessité un support transfusionnel en culots globulaires. 32.8% des patientes ont dû stopper temporairement le traitement et 39.3 % ont bénéficié d’une réduction de posologie pour toxicité.
Au final, les taux de réponse complète histologique sont comparables à ceux d’une chimiothérapie classique néoadjuvante par anthracyclines et taxanes, appuyant une nouvelle fois l’efficacité des inhibiteurs de PARP dans les tumeurs BRCA mutées, pour autant le taux important de progression d’emblée sous traitement (16.4%) reste un frein majeur à son développement dans cette indication.











