Onco-thoracique

Cancer du poumon et immunothérapie : des complications neurologiques graves

L’immunothérapie est une révolution dans la prise en charge du cancer du poumon qui peut se compliquer de toxicités neurologiques. Un dépistage précoce de ces toxicités neurologiques immuno-induites est indispensable afin d’espérer limiter leurs conséquences cliniques.

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  • 22 Avril 2021
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    Les inhibiteurs de points de checkpoint immunitaire ont transformé la survie des patients atteints d’un cancer broncho-pulmonaire. Les patients métastatiques, ainsi que localement avancés, ont en effet désormais accès en routine à l’immunothérapie dans leur prise en charge oncologique.

    L’immunothérapie entraine des effets secondaires connus globalement bien tolérés comme les dysthyroïdies, mais peut aussi, plus rarement, entrainer des effets secondaires digestifs sévères et neurologiques mortels. La toxicité neurologique est la 3ème cause de décès liée au traitement chez les patients traités par immunothérapie (anti PD1/PDL1). Une revue de la littérature en précise les contours et la prise en charge.

    L’atteinte neurologique est rare mais rapidement fatale

    La toxicité neurologique immuno-induite est rare. Les symptômes apparaissent souvent au cours des quatre premiers cycles de traitement, toutes molécules confondues.

    Les mécanismes sous-jacents à la toxicité neurologique immuno-induite sont multiples. Certaines affections neurologiques immuno-induites sont liées à la présence d’auto-anticorps contre des cibles spécifiques neurologiques (par exemple la présence d’anticorps anti-récepteur à l’acétylcholine dans le cas de la myasthénie), ou d’anticorps anti-neuronaux (comme les auto-anticorps anti ANNA-1).

    Parfois on ne retrouve pas ces auto-anticorps. L’hypothèse que la présence d’un antigène tumoral pourrait activer une réponse immuno-induite envers les cellules du système nerveux a été démontrée dans plusieurs modèles murins.

    Une prise en charge urgente

    Le diagnostic de toxicité neurologique repose sur l’examen clinique pour caractériser les symptômes, puis sur la biologie complète pour rechercher des toxicités auto-immunes associées (hormones thyroïdiennes, enzymes hépatiques et pancréatiques, entre autres). Enfin une ponction lombaire et une imagerie cérébrale en IRM sont indispensables. La recherche d’anticorps anti-neuronaux dans le sérum ainsi que le LCR peut orienter le diagnostic même si les résultats peuvent rester négatifs.

    Les recommandations de bonnes pratiques proposent : 1) l’arrêt de l’immunothérapie définitive dans les cas cliniques graves ; 2) l’administration de corticoïdes à haute dose ; 3) une plasmaphérèse peut être envisagée.

    La toxicité neurologique des immunothérapies est rare mais peut être fatale. Être averti, savoir la dépister et la diagnostiquer, puis la traiter peuvent permettre d’atténuer les symptômes cliniques.

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