Pneumologie

BPCO : une équation universelle spirométrique pour le diagnostic

Les équations établies par la Global Lung Initiative (GLI) pour diagnostiquer et définir la sévérité de la BPCO selon la spirométrie sont pertinentes avec les symptômes et les données cliniques des patients.

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  • 08 Juin 2016
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    Les nouvelles équations de la Global Lung Initiative (GLI) proposées en 2012 pour interpréter la spirométrie permettent une classification de la BPCO qui correspond bien à la clinique. C’est ce que montre une étude réalisée sur la cohorte COPDGene incluant 10131 personnes d’un âge compris entre 45 et 81 ans avec une histoire tabagique de 44,3 paquets/année en moyenne.

    La GLI a établi les premières équations de référence globales multi-ethniques qui couvrent tous les âges. Elles sont dites universelles et sont le résultat d’une coopération internationale. Elles ont la particularité de donner des valeurs normales de VEMS avec une compensation pour la diminution non linéaire observée avec l’âge. Cependant, la pertinence clinique de la classification de la BPCO obtenue avec les équations GLI n’avait pas été établie jusqu’à présent.

    Classification conforme à la clinique


    L’étude sur la cohorte COPDGene a mis en relation cette classification GLI avec plusieurs critères cliniques : la dyspnée, la qualité de vie liée à l’insuffisance respiratoire, la capacité à l’effort, la réversibilité du VEMS au bronchodilatateur, l’emphysème et la rétention gazeuse au TDM. La GLI a identifié une spirométrie normale chez 5100 personnes (50,3 %), une BPCO légère chez 669 (6,6 %), une BPCO modérée chez 865 (8,5 %), une BPCO sévère chez 2522 (24,9 %) et un syndrome restrictif chez 975 (9,6 %).

    Les résultats de l’étude confirme la pertinence clinique de la classification GLI et montrent bien la progression de la dyspnée, de la baisse de qualité de vie et des performances à l’exercice chez les personnes avec une atteinte légère , modérée et sévère. On observe la même tendance pour la réversibilité bronchique, l’atteinte parenchymateuse au TDM et la rétention gazeuse.

    Les équations GLI semblent donc appropriées pour la classification des patients atteints de BPCO ; elles offrent l’avantage d’identifier moins de faux positifs et de faux négatifs. Cela va-t-il changer la pratique ? Il est important de disposer d'équations de valeurs prédites valides, car elles permettent de détecter rapidement une diminution de la fonction respiratoire, qui est le critère diagnostique de la BPCO. Ainsi, meilleures sont les équations, mieux on détecte les patients atteints. Toutefois, il est assez rare en pratique de ne considérer que le VEMS comme indice clinique (il manque les volumes pulmonaires). Ainsi, le clinicien en ville va s’assurer d’obtenir des mesures de dyspnée, de tolérance à l’effort, une vue d’ensemble de la qualité de vie et un examen radiologique s’il le juge utile. Cette vision globale du patient lui permet de bien établir son diagnostic, et d’en estimer les conséquences. Bien qu’il soit pertinent de pouvoir classifier la sévérité d’une atteinte respiratoire le plus justement possible, celle-ci ne sera toujours qu’une partie de l’histoire du patient.

    D'après un entretien avec le Dr Pierantonio Laveneziana, pneumologue, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris

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    Pierantonio Laveneziana, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris : « Cela va-t-il changer la pratique ?»

    Vaz Fragoso CA, McAvay G, Van Ness PH, Casaburi R, Jensen RL, MacIntyre N, et al. Phenotype of Spirometric Impairment in an Aging Population. Am J Respir Crit Care Med. 5 nov 2015;193(7):727‑35.

    Quanjer P, et al. Report of the Global Lung Function Initiative (GLI), ERS Task Force to establish improved Lung Function Reference Values

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    Pierantonio Laveneziana : « Les définitions du trouble ventilatoire obstructif...»


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