Diabétologie

Chirurgie bariatrique : effacement du sur-risque de cancer colorectal lié à l’obésité

Le sur-risque de cancer colorectal associé à l’obésité redeviendrait équivalent à celui de la population générale après chirurgie bariatrique, selon une étude de cohorte rétrospective française

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  • 15 Juin 2020
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    Après un suivi moyen de plus de 5,5 ans, les sujets obèses ayant eu une chirurgie bariatrique ont un risque de cancer colorectal identique à celui de la population générale, alors qu’il est augmenté de 34% en l’absence de chirurgie de l’obésité, selon une étude de cohorte rétrospective française, publiée dans JAMA Surgery. Ainsi, le surrisque de cancer colorectal chez les patients obèses serait annulé par le geste chirurgical.

    Pour mener à bien leur étude, Laurent Bailly et coll. se sont fondés sur les informations colligées dans le Système national des données de santé (SNDS), qui portaient sur un total de 1 045 348 patients souffrant d’une obésité morbide, âgés de 50 à 75 ans et sans cancer colorectal à l’inclusion. Parmi eux, 74 131 ont eu une chirurgie bariatrique selon différentes techniques (anneau gastrique, gastrectomie en manchon ou bypass). Ils étaient en moyenne un peu plus jeunes que les 971 217 sujets n’ayant pas été opérés : 57, 3 ans vs 63,4 ans.

    Des résultats variables selon la technique utilisée

    Après un suivi moyen allant de 5,5 à 6,2 ans selon la technique chirurgicale utilisée, les auteurs rapportent un taux de cancer colorectal de 0,6% chez les patients opérés, vs 1,3% dans l’autre groupe. Dans la cohorte chirurgie bariatrique, le nombre de cas de cancer colorectal observés est de 423 contre 428 attendus, soit un odd ratio de 1 (IC 95 % 0,9-1,09). Dans l’autre cohorte, 12 629 cancer colorectal sont diagnostiqués contre 9 417 cas attendus, soit un odd ratio de 1,34 (IC 95 % 1,32-1,36).

    Après ajustement par score de propension, le risque de cancer colorectal est réduit de 32 % chez les patients opérés vs ceux non opérés (IC 95 % 0,6-0,77) et celui de polypes bénins, critère d’évaluation secondaire de cette étude, de 44% (IC 95 % 0,53-0,59).  

    L’incidence du cancer colorectal semble varier selon la technique chirurgicale utilisée : 0,5% pour le bypass et la gastrectomie en manchon et 0,7% après pose d’un anneau gastrique. De même, l’incidence des polypes bénins était moindre avec les deux premières techniques qu’avec l’anneau gastrique (3,1% vs 5%).

    Ces résultats convergent avec ceux d’une méta-analyse publiée en janvier dernier dans le British Journal of Surgery, qui concluait à une réduction de 35% du risque de cancer colorectal chez les sujets obèses opérés, comparativement à ceux n’ayant pas bénéficié d’un geste chirurgical.

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