Onco-sein
Cancer de l’ovaire : encore un échec de l’immunothérapie
L'étude ATALANTE, testant l'adjonction de l'Atézolizumab à une combinaison de bi-chimiothérapie à base de sels de platine et de Bévacizumab, pour une 1ère ou 2ème récidive platine sensible d'un cancer de l'ovaire, ne montre pas de bénéfice en survie sans progression en intention de traiter et chez les PDL1+.
- blueringmedia/iStock
L'arsenal thérapeutique de prise en charge des cancers de l'ovaire de stade avancé s'est considérablement amélioré par les données des études validant l'indication du Bévacizumab et des inhibiteurs de PARP.
Pour autant, malgré un rationnel basé sur une synergie probable d'efficacité d'association d’immunothérapie et d’anti-angiogénique, à l'instar des cancers du rein ou du poumon, la place de l'immunothérapie dans les cancers de l'ovaire déçoit et ce, que ce soit en phase précoce (notamment avec l'essai IMAGYN050, ne démontrant pas de bénéfice en survie sans progression quel que soit les sous-groupes de l’adjonction de l'atézolizumab en première ligne), ou en phase platine-résistante avec l'essai JAVELIN, testant l'avélumab, ne démontrant pas de bénéfice en survie sans progression ou en survie globale. L'étude ATALANTE quant à elle, se positionne sur les cancers platine sensible, en rechute.
Pas de bénéfice en survie sans progression
Publiée récemment dans le JCO, par J-E Kurtz, l'étude ATALANTE ne démontre pas de bénéfice en survie sans progression à l'adjonction de l’Atézolizumab sur un traitement standard de rechute platine sensible, que ce soit dans la population standard, ou chez les PDL1 (≥ 1 %) surexprimés.
En pratique, entre septembre 2016 et octobre 2019, 614 patientes avec un cancer de l'ovaire en 1re ou 2e rechute, platine sensible, ont été randomisées selon un schéma 2:1 : 410 patientes recevant un traitement par atézolizumab (1 200 mg toutes les trois semaines) et doublets de chimiothérapie par Carboplatine et au choix de l'investigateur parmi Paclitaxel hebdomadaire, Gemcitabine, Doxorubicine liposomale, selon les protocoles standards, et Bévacizumab, maintenu en entretien à l'issue de 6 cycles d'association. Par ailleurs, 204 patientes ont été placées dans le bras placebo/bi-chimiothérapie/Bévacizumab.
À la randomisation, une analyse du statut PDL1 était réalisée sur une biopsie fraîche (datant de moins de 2 mois) et considérée positif si ≥ 1 % selon le test VENTANA SP142. Les patientes étaient stratifiées sur la durée de réponse aux sels de platine (6-12 mois versus > 12 mois), le statut PDL1 (négatif vs positif vs non informatif), le type de chimiothérapie reçue (carboplatine gemcitabine vs carboplatine doxorubicine liposomale vs carboplatine paclitaxel). Le critère de jugement principal était la survie sans progression dans la population en intention de traiter et dans la population PDL1+, les critères de jugement secondaires étaient, entre autres, la tolérance, la survie globale et le taux de réponse objective.
Pas de différence significative, quel que soit les sous-groupes & le statut PDL1
Après un suivi médian de 36,6 mois, et une durée médiane de traitement de 11,1 mois et de 10,6 mois spécifiquement pour le Bévacizumab, l’étude est négative concernant son critère de jugement principal : médiane de survie sans progression de 13,5 mois dans le bras Atézolizumab vs 11,3 mois dans le bras placebo, dans la population en intention de traiter, soit un HR 0,83 (95 % CI, 0,69-0,99; P = 0,041). De plus, pas de bénéfice retrouvé dans la population PDL1+, avec respectivement une médiane de survie sans progression de 15,2 mois vs 13,1 mois, soit un HR à 0,86 (95% CI, 0,63-1,16; p = 0,30). L'analyse des différents sous-groupes ne retrouve pas de tendance particulière en faveur de l'Atézolizumab, même dans la population PDL1+ ou CD8 +.
Concernant les critères de jugement secondaires, les données de survie globale ne sont pas matures, avec une médiane de survie globale de 35,5 mois dans le bras atézolizumab vs 30,6 mois dans le bras placebo, soit un HR à 0,81 dans la population en intention de traiter. Le taux de survie globale à 1 an était respectivement de 89 % vs 87 %, à 2 ans de 67 % vs 62 % et à 3 ans de 49 % vs 38 %. Dans la population PDL1+, la médiane de survie globale était de 40,7 mois dans le bras expérimental vs 33,6 mois dans le bras standard.
Le taux de réponse objective était similaire dans les deux groupes que ce soit en intention de traiter (62 % versus 66 % respectivement), ou dans la population PDL1+ (62 % versus 61 %).
Concernant les données de toxicité, la survenue d'effets secondaires de grade ≥ 3 étaient respectivement de 88 % et 87 %, avec comme attendu plus de toxicité immuno médiée dans le bras atézolizumab.
Encore une fois, l'adjonction d'une immunothérapie à un traitement standard dans les cancers de l’ovaire, n’apporte pas de bénéfice, avec comme corollaire la question de la pertinence du cut off choisi pour l'expression PDL1, et également de la sélection de nos patientes, à l’heure de la suprématie des inhibiteurs de PARP.











