Attention

Que font les écrans au cerveau de nos enfants ?

Une étude menée sur près de 10.000 enfants américains montre que le temps passé devant les écrans est associé à des modifications du cerveau, notamment dans les zones liées à l’attention et au contrôle des impulsions.

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  • 22 Novembre 2025
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    Les enfants passent plus de temps que jamais devant les écrans. Mais que se passe-t-il dans leur cerveau au fil des centaines d’heures passées face à un smartphone, une tablette ou une télévision ? Une vaste étude longitudinale, menée par des chercheurs de l’université de Fukui au Japon et publiée dans la revue Translational Psychiatry, apporte des réponses préoccupantes. Leurs travaux, basés sur les données de près de 10.000 enfants américains suivis de 9 à 12 ans, montrent qu’une exposition prolongée aux écrans est associée à des modifications notables de la structure cérébrale.

    Des cerveaux qui changent au rythme des écrans

    Dans le détail, trois zones cérébrales distinctes ont présenté un amincissement cortical : le pôle temporal droit (impliqué dans la cognition sociale), le gyrus frontal supérieur gauche (contrôle de l’attention et mémoire de travail), et le gyrus frontal moyen gauche (prise de décision). Or, ces zones sont justement celles qui fonctionnent différemment chez les enfants présentant un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

    Ce n’est pas tout : l’imagerie par résonance magnétique (IRM) a aussi montré une réduction du volume du putamen droit, une région clé du circuit de la récompense. Cette zone, liée à la gratification immédiate, pourrait expliquer pourquoi certains enfants deviennent plus impulsifs. Comme le souligne la recherche, les activités sur écran offrent des satisfactions instantanées – zapping de vidéos, jeux à récompenses rapides, scrolling sans fin – qui peuvent conditionner le cerveau à rechercher ces gratifications.

    Plus de temps d'écran, plus de symptômes de TDAH ?

    Les enfants ayant passé le plus de temps devant les écrans présentaient, deux ans plus tard, davantage de symptômes de TDAH, selon les auteurs. Bien que l’effet soit jugé modeste par les chercheurs, il demeure statistiquement significatif. "Nos résultats ne permettent pas de dire que les écrans causent le TDAH, mais ils montrent une association claire entre usage intensif et modification du développement cérébral", notent les scientifiques dans un communiqué.

    Attention, l’étude reste observationnelle : elle ne prouve pas la causalité. D’autres facteurs (activité physique, sommeil, contenu des écrans) n’ont pas été analysés dans leur entièreté. Et il se peut que les enfants déjà sujets à des difficultés d’attention soient naturellement plus attirés par les écrans. Il n’empêche : il reste préférable, au cas où, de limiter l’exposition des enfants aux écrans, en particulier durant les années-clés du développement.

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