Hormones
Covid long : pourquoi les femmes ont plus de risque de développer une forme sévère
Des chercheurs ont mis en lumière les mécanismes qui rendent les femmes 3 fois plus susceptibles que les hommes de développer une forme sévère du covid long.
- Par Sophie Raffin
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- anyaivanova/istock
Dans sa lutte contre le coronavirus, le monde médical a rapidement réalisé que les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de développer un covid long après avoir été contaminées par le SARS-CoV-2 ou ses variants. Des chercheurs de l’université de l’Alberta ont découvert les mécanismes derrière cette disparité. Cela serait lié à des déséquilibres hormonaux.
Covid long : les patientes présentaient des signes d’hyperperméabilité intestinale
L’équipe à l’origine de l’étude publiée dans la revue Cell Reports Medicine, a effectué des tests sanguins et génétiques sur 78 patients atteints de covid long un an après leur diagnostic. Elle a fait de même avec 62 personnes qui n'ont pas développé cette complication après leur infection à la Covid-19.
L'analyse des cellules immunitaires, des biomarqueurs sanguins et un séquençage de l'ARN ont permis aux chercheurs d’identifier une signature immunitaire distincte chez les patientes.
Les femmes présentaient des marqueurs d’hyperperméabilité intestinale comme des taux sanguins élevés de protéine de liaison aux acides gras, de lipopolysaccharide et de la protéine soluble CD14. Il s’agit de "signes d’inflammation intestinale qui peuvent ensuite déclencher une inflammation systémique plus importante une fois qu’ils atteignent le système circulatoire", soulignent les auteurs. "Cela suggère que, probablement au tout premier stade de la maladie, lorsque les patients contractent une infection aiguë au SARS-CoV-2, l'intestin des femmes serait plus sujet à l'infection virale", ajoute Shokrollah Elah de l’université de l’Alberta dans un communiqué.
Autre élément distinctif repéré chez les patientes : la production de globules rouges est moindre, jusqu’à entrainer une anémie chez certaines. Le scientifique avance ainsi que "des niveaux élevés de facteurs inflammatoires chez les femmes atteintes de covid long affectent négativement leur production sanguine".
Un déséquilibre des hormones sexuelles favoriserait le covid long
L’équipe a également relevé que des dérèglements hormonaux sexuels entraient aussi en jeu dans l'apparition du covid long. Elle a, en effet, constaté une diminution des niveaux de testostérone chez les femmes touchées par cette complication et une baisse des œstrogènes chez les patients masculins, ainsi qu'une diminution des niveaux de l'hormone cortisol dans les deux groupes.
Les travaux ont montré que les femmes qui présentaient de faibles taux de testostérone avaient des niveaux d'inflammation plus élevés dans le sang. "La testostérone contribuant normalement à contrôler l'inflammation, des taux réduits pourraient rendre les femmes plus vulnérables aux réactions inflammatoires chroniques, selon les chercheurs. De faibles taux de testostérone ont aussi été associés à des symptômes tels que des troubles de la concentration, la dépression, la douleur et la fatigue", expliquent les chercheurs dans leur communiqué.
L'anémie facteur sous-jacent du Covid long
L’ensemble de ces données conduit les auteurs à suggérer que les déséquilibres hormonaux pourraient jouer un rôle important dans le covid long, en particulier dans ses effets sur les femmes. D’ailleurs, une étude internationale présentée en septembre dernier avait déjà repéré que l'anémie était un facteur biologique sous-jacent majeur du covid long.
Après avoir mis en lumière le rôle des déséquilibres hormonaux dans l’apparition du covid long, le professeur Shokrollah Elahi prévoit de vérifier ses résultats en testant des traitements potentiels sur des souris touchées par le covid long. Il propose notamment de mettre au point une approche individualisée du traitement. Ce dernier s’appuierait sur les résultats des tests de chaque patient et pourrait inclure un traitement de l'anémie, des médicaments anti-inflammatoires, et même des hormones sexuelles.








