Pneumologie
Asthme : quelle place pour les médicaments anti-éosinophiles ?
Disponibles dans quelques mois, les molécules anti-éosinophiliques font preuve d’une réelle efficacité, à condition de les utiliser à bon escient chez des patients parfaitement caractérisés sur les plans clinique et immunologique.
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Malgré une prise en charge optimale, 3,5 à 5 % des asthmatiques restent mal contrôlés. Ils souffrent de symptômes, d’exacerbations et leurs épreuves fonctionnelles respiratoires sont pathologiques. La corticothérapie orale a été pendant longtemps le seul traitement proposé à ces asthmatiques sévères, mais depuis quelques années ont été développés des traitements ciblés.
Le premier, et le seul sur le marché à ce jour, est un anticorps anti-IgE, l’omalizumab, mais d’autres médicaments ciblant les éosinophiles seront très bientôt disponibles. Il s’agit d’anticorps anti-Il-5, ou d’anticorps dirigés contre le récepteur de l’interleukine 4 et 13. Il va donc devenir indispensable de caractériser les patients, leur phénotype clinique et leur profil immunologique, pour proposer le médicament adéquat.
Eosinophilie sanguine
En effet, les traitements ciblés ne sont indiqués que si l’asthme a un caractère éosinophilique. Il faut donc rechercher chez le patient un profil immunologique TH2 avec de l’allergie, une élévation de la fraction du NO expiré et des mesures successives de l’éosinophilie sanguine augmentées pour les prescrire.
Dans la revue Chest viennent d’être publiés les avis divergents de deux experts sur l’utilité des nouvelles molécules anti-éosinophiliques sous la forme d’un article « Point : yes - Counterpoint : no » qui permet de faire le point sur ces traitements.
Trois médicaments anti-éosinophiliques seront probablement disponibles dans les prochains mois : le mépolizumab et le reslizumab qui sont des anticorps anti-IL5, et le benralizumab qui cible le récepteur de l’interleukine 5. Une autre molécule ciblant le récepteur de l’interleukine 4 et 13, le dupilumab, a également été développée chez le même type de patients.
Réelle avancée
Dans les essais cliniques, ces médicaments ont démontré une efficacité incontestable chez les patients asthmatiques sévères éosinophiliques, c’est-à-dire dont le taux sanguin d’éosinophiles est supérieur à 300/mm3. La qualité de vie est améliorée, les exacerbations sont réduites et le recours à la corticothérapie orale est diminué, le tout de façon significative. Utilisés chez les patients bien caractérisés sur leur profil immunologique, ces molécules représentent une réelle avancée.

Définir les répondeurs
Même s’il existe encore des interrogations, le profil de tolérance de ces traitements s’avère satisfaisant et il n’a pas été observé de signaux au cours de leur développement concernant les effets indésirables.
Ces médicaments sont donc indiqués chez des patients parfaitement caractérisés au préalable sur les plans clinique et immunologique. Mais, une fois prescrits, il faudra évaluer leur efficacité après trois et six mois d’utilisation pour déterminer les répondeurs et arrêter le traitement chez les patients qui n’en tirent pas de bénéfices suffisants.
D’après un entretien avec le Pr Gilles Garcia, pneumologue, Hôpital Universitaire de Bicêtre









