Pneumologie
Asthme sévère : la thermoplastie bronchique efficace sur un nouveau phénotype
Certains patients souffrant d’un asthme sévère non contrôlé sont caractérisés par une hypertrophie du muscle lisse bronchique. Chez eux, la thermoplastie bronchique se révèle particulièrement efficace.
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En mesurant la taille du muscle lisse sur des biopsies bronchiques, une équipe française a défini un nouveau phénotype d’asthme sévère caractérisé par une hypertrophie musculaire. Les résultats de l’étude ont été publiés dans le Journal of Allergy and clinical Immunology .
Chez 105 patients asthmatiques sévères, une biopsie bronchique a été réalisée et la taille du muscle lisse mesurée. Parmi eux, les chercheurs ont observé une hétérogénéité de l’hypertrophie musculaire lisse bronchique, certains ayant beaucoup de muscle et d’autres nettement moins.
Asthme difficile à contrôler
La taille du muscle lisse est exprimée par un pourcentage qui est le rapport de la surface du muscle sur la surface totale de la biopsie. La valeur normale de ce rapport est comprise entre 3 et 5 % et les auteurs ont montré que les asthmatiques qui ont une surface musculaire lisse élevée supérieure à 13 %, avaient un phénotype différent.
Ce phénotype concerne une majorité d’hommes, plus jeunes, avec un asthme plus difficile à contrôler après un an de traitement. Leur muscle est caractérisé par une infiltration de cellules inflammatoires, des mastocytes. Ces derniers ont des récepteurs PAR-2 à leur surface qui, lorsqu’ils sont stimulés par des médiateurs comme la tryptase ou des kallikréines, entraînent une prolifération du muscle lisse. Dans le lavage broncho-alvéolaire de ces patients a d’ailleurs été retrouvée une plus grande quantité de ces deux médiateurs.

Réduction spectaculaire des exacerbations
Cette étude a donc permis d’individualiser un nouveau phénotype d’asthme caractérisé par une masse musculaire lisse importante et un nombre élevé de mastocytes entre les fibres musculaires chez des malades en majorité de sexe masculin et jeunes. Ces patients ont ensuite été inclus dans une seconde étude destinée cette fois à tester les effets de la thermoplastie bronchique.
Les résultats viennent d’être présentés sur le jacionline. Des biopsies bronchiques ont été collectées sur 15 patients asthmatiques sévères non contrôlés avant et trois mois après la thermoplastie bronchique. 11 ont très bien répondu au traitement avec une amélioration du contrôle de l’asthme et de la qualité de vie après 3 et 12 mois. Le nombre d’exacerbations est diminué de façon importante (passant de 8 à 1 exacerbation par an), ainsi que la dose de corticoïdes oraux. Il a été observé une réduction de la taille du muscle lisse, l’élimination de certaines terminaisons nerveuses et une diminution du nombre des cellules neuroendocrines épithéliales qui jouent un rôle important dans la réactivité bronchique.
D’après un entretien avec le Pr Michel Aubier, pneumologue, Hôpital Bichat, Paris









