Cardiologie

Myocardite et vaccin Covid-19 : meilleure connaissance des mécanismes en jeu

Parmi les jeunes qui ont développé une myocardite après vaccination contre la Covid-19 avec un vaccin à ARNm, aucune différence concernant les anticorps, les auto-anticorps, les profils des lymphocytes T ou les expositions virales antérieures, n’a été objectivée, mais des niveaux élevés de protéine Spike libre ont été détectés dans le sang de ces malades.

  • Dr_Microbe/istock
  • 05 Jan 2023
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    La myocardite est une complication rare qui peut survenir après la vaccination contre la Covid-19 avec un vaccin à ARNm. On estime qu'environ 18 cas se produisent pour un million de doses de vaccin administrées, ce qui en fait une maladie si rare qu'il est difficile de trouver des cas à étudier.

    Dans une nouvelle étude menée par des chercheurs du Massachusetts General Hospital, la réponse immunitaire de 16 adolescents et jeunes adultes ayant développé une myocardite après avoir reçu l’un des 2 vaccins à ARNm contre la Covid-19 a pu être examinée de manière approfondie et comparée à des témoins.

    Les chercheurs n'ont constaté aucune différence dans la production d'anticorps, d'auto-anticorps, de profils de cellules T ou d'expositions virales antérieures chez les patients souffrant de myocardite, mais ils ont trouvé des niveaux élevés de protéine Spike ainsi qu'une augmentation des cytokines et de la troponine. Leurs résultats sont publiés dans Circulation.

    Un lien avec l’immunité innée

    Les réponses concernant les anticorps et les lymphocytes T sont indiscernables entre les 16 malades et les 45 témoins étudiés. En utilisant un test ultrasensible pour détecter des molécules uniques, l'équipe constate que les adolescents qui ont développé une myocardite ont des niveaux nettement plus élevés de protéine Spike libre (non-liée à des anticorps) dans leur sang (33.9±22.4 pg/mL). Les adolescents du groupe témoin vacciné et asymptomatique n’avaient aucune protéine Spike détectable (unpaired t test; p<0.0001).

    Il existerait également une augmentation modeste de la production de cytokines cohérente avec une inflammation innée. L'équipe a également recherché la présence d'IgG anti-N, un marqueur immunologique d'une infection récente par le SARS-CoV-2, qui était indétectable, ce qui suggère qu'il est peu probable que l'infection naturelle soit un facteur contributif.

    La plus large étude à ce jour

    L'équipe de recherche a examiné des échantillons de sang prélevés sur 61 adolescents et jeunes adultes, dont 16 ont développé une myocardite et 45 n'ont eu aucune complication après avoir été vaccinés avec les vaccins Pfizer BNT162b2 ou Moderna mRNA-1273 Covid-19 ARNm.

    L'équipe a établi le profil des anticorps, y compris la recherche de réponses humorales spécifiques au SARS-CoV-2 et l'évaluation des auto-anticorps ou des anticorps contre le virome humain pertinent, l'analyse des lymphocytes T spécifiques au SARS-CoV-2 et l'établissement du profil des cytokines et des antigènes du SARS-CoV-2.

    Une complication exceptionnelle

    Dans la plupart des cas, la myocardite post-vaccinale est légère et se résout d'elle-même et le risque de développer une maladie grave à la suite d'une infection aiguë l'emporte largement sur ce risque rare. L'incidence de la myocardite et des autres complications cardiaques chez les enfants infectés par le SARS-CoV-2 est ainsi beaucoup plus élevée que le risque de myocardite post-vaccinale.

    Les patients atteints de myocardite peuvent être traités par des corticoïdes pour réduire l'inflammation, et le pronostic à court terme est largement favorable pour les jeunes adultes et les adolescents qui développent cette myocardite après la vaccination.

    Si l'étude apporte de nouvelles informations sur la myocardite post-vaccinale, les auteurs notent qu'elles sont limitées par la petite taille de l'échantillon liée à la rareté de la maladie et qu'elle ne permet pas de distinguer la cause de la conséquence. En d'autres termes, on ne sait pas si la protéine Spike elle-même provoque une inflammation du muscle cardiaque ou si elle est un biomarqueur du dérèglement de l'immuniuté innée qui conduit à la myocardite. Elle pourrait néanmoins mettre en évidence d'autres moyens de traiter les patients atteints de myocardite post-vaccinale.

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    JDF