Diabétologie
Diabète de type 1 : le pancréas artificiel améliore l’équilibre glycémique avec un bon suivi
Le bénéfice du pancréas artificiel chez les diabétiques de type 1 reste clairement dépendant de l'éducation du malade. Un mauvais suivi par les diabétologues serait associé à un moindre taux de succès.
- Istock/Gilnature
L’utilisation d’un pancréas artificiel, ou boucle fermée (pompe à insuline commandée par un capteur de glucose), permet la diminution de la moyenne glycémique tout en diminuant le temps passé en hypoglycémie. Malgré l’autonomie croisssante des boucles fermées, le diabétologue garde une place importante dans l’éducation et le suivi du patient.
Ces résultats sont issus d’un essai clinique randomisé mené dans sept centres universitaires Américains, comparant pendant 6 mois l’utilisation du pancréas artificiel à celle d’une pompe à insuline classique.
Amélioration du temps passé dans la cible glycémique
Le pourcentage de temps dans la cible (70 – 180 mg/dL) augmente de 61 à 71% après 6 mois d’utilisation du pancréas artificiel, alors qu’il reste stable dans le groupe contrôle. De manière remarquable, cette amélioration concerne à la fois le temps passé à plus de 180 mg/dL (36 à 27%) et celui passé à moins de 70 mg/dL (3,6 à 1,6%). Cette amélioration est tout particulièrement importante au cours de la nuit. Au final, l’HbA1c diminuait de 7,4 à 7,1 % en 6 mois.
Cette évolution se fait sans différence significative concernant la dose journalière d’insuline et l’évolution pondérale entre les deux groupes.
Des patients diabétiques de type 1 jeunes et bien équilibrés
Les patients inclus dans cet essai (112 avec pancréas artificiel, 56 dans le groupe contrôle), avaient en moyenne 33 ans et une HbA1c moyenne de 7,4 %. Ils n’étaient pas représentatifs de la population diabétique de type 1 américaine : 90 % étaient d’origine caucasienne, 61 % avaient un revenu annuel supérieur à 100.000 dollars. Une pompe à insuline était déjà utilisée avant l’étude par 79 % d’entre eux.
Le pancréas artificiel testé associait une pompe t:slim X2 (Tandem Diabetes Care) et un capteur de glucose Dexcom G6 (Dexcom). Les patients ont eu entre 2 et 8 semaines d’entraînement avec la pompe entre l’inclusion et la randomisation, puis ont été très régulièrement suivis : consultation à 2, 6, 13 et 26 semaines ; et évaluation téléphonique à 1, 4, 9, 17 et 21 semaines.
Un bénéfice certain pour des patients motivés
Bien que ne correspondant pas à un vrai pancréas, la boucle fermée permet des améliorations significatives dans la population étudiée, particulièrement éduquée, surveillée et motivée. En revanche, ces résultats doivent être confirmés chez des individus aux caractéristiques plus larges, dans une population moins sélectionnée que dans un essai clinique.
Ainsi, des résultats plus décevants sont retrouvés dans une étude récente évaluant de manière observationnelle l’utilisation de l’autre boucle fermée, la Medtronic 670G, en « vie réelle » pendant un an. Après 3 et 12 mois, 30 et 46 % des patients ont totalement arrêté d’utiliser le mode automatique de la pompe, principalement en raison d’alarmes et problèmes liés au capteur de glucose. Comparativement, dans l’essai avec le système Tandem/Dexcom, les patients utilisaient le système au moins 85 % du temps après 6 mois, contribuant ainsi à l’amélioration glycémique.
Importance du mode de correction des hyperglycémies
Une différence entre les 2 systèmes porte sur le mode de correction des hyperglycémies : seul le Tandem/Dexcom permet l’injection automatisée de microbolus de correction, en plus de modifier le débit basal comme le système Medtronic MiniMed 670G déjà commercialisé aux Etats-Unis. Le système Medtronic MiniMed 670G présente donc une inertie plus importante dans la correction d’une hyperglycémie. Dans les 2 cas, ces systèmes ne permettent pas d’adapter le débit d’insuline en cas de variation rapide de la glycémie : les repas (et les bolus associés), ainsi que l’activité physique, doivent donc toujours être annoncés manuellement.
Une autre différence porte sur le suivi : seule une consultation tous les trois mois avec la Medtronic MiniMed 670G, contre 9 évaluations en 6 mois avec le Tandem/Dexcom, soulignant l’importance de l’accompagnement et du suivi régulier des patients bénéficiant de tel système. Malgré l’autonomie toujours plus grande des boucles fermées, le diabétologue garde donc une place importante dans l’éducation et le suivi du patient.








