Rhumatologie
PR : quelques lymphocytes B autoréactifs à l’origine de la maladie
Une étude a analysé le profil exhaustif des lymphocytes B impliqués dans la polyarthrite rhumatoïde, des lymphocytes B qui produisent des anticorps marqueurs de cette maladie… mais pas que.
- Christoph Burgstedt/istock
Il s'agit de la première étude à effectuer un profilage transcriptomique complet des lymphocytes B impliqués dans la polyarthrite rhumatoïde, ainsi que dans n'importe quel trouble auto-immun humain. Ces résultats dépeignent les lymphocytes B, non seulement comme des producteurs d'auto-anticorps, mais aussi comme une source de diverses molécules qui peuvent influencer la prolifération, la différenciation et l'activation d'autres types de cellules immunitaires et éventuellement les pousser à avoir un rôle pathogène. Cette étude est publiée dans Arthritis & Rheumatology.
Les cellules B, bonnes et mauvaises
Pour chaque nouvel antigène rencontré, un petit groupe de lymphocytes B s'active pour produire un anticorps qui reconnaît spécifiquement cette protéine particulière. Chaque personne possède entre 10 et 100 millions de lymphocytes B spécifique, chacun capable de produire son anticorps spécifique. Bien que les anticorps soient impliqués dans la lutte contre les infections, dans la polyarthrite rhumatoïde et les maladies auto-immunes ces anticorps s'attaquent aux protéines de l'organisme et sont donc appelés auto-anticorps.
Moins d'une cellule B sur 1000 est autoréactive
Pour trouver quel est le lymphocyte B autoréactif, une méthode a été mise au point pour identifier et isoler la population de façon fiable, puis le séquençage de l'ARN a été utilisé pour étudier l'ARN produit par chaque cellule.
Un certain nombre de voies associées à l'inflammation et à la modification des protéines, connues pour être amplifiées dans la polyarthrite rhumatoïde, ont été découvertes.
Au niveau moléculaire, deux différences spécifiques ont été trouvées dans les lymphocytes B des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Comparativement aux cellules B non-réactives à la citrulline, les cellules B spécifiques de la citrulline, proviennent de patients atteints de PR qui expriment de façon différenciée le récepteur de la protéine interleukine 15 (IL-15Rα) et toutes produisent une quantité élevée d'amphiréguline, une molécule qui peut exercer une activité de signalement pour les cellules adjacentes. Chacune de ces 2 anomalies a été validée au niveau protéique dans d’autres cohortes indépendantes comprenant des patients atteints de PR.
Une singularité des lymphocytes B
Seuls les lymphocytes B autoréactifs possèdent la protéine IL-15Rα et les chercheurs pensent que ce sont ces protéines qui leur permettent de devenir des acteurs de la réaction auto-immune. C’est également la première fois que l’on montre que les lymphocytes B produisent de l'amphiréguline. Cela jette un nouvel éclairage sur le caractère néfaste de ces lymphocyte B autoréactifs dans la progression de cette maladie et sur les possibilités de la cibler.
Différentes équipes de recherche travaillent sur ces voies depuis un certain temps déjà. L'amphiréguline se trouve dans une voie bien étudiée, la voie des récepteurs du facteur de croissance épidermique (EGFR). La prochaine étape consistera donc à déterminer si l'inhibition de cette voie affecte le fonctionnement désordonné de certains lymphocytes B au cours de la polyarthrite rhumatoïde.








