Polyarthrite rhumatoïde : un nouveau traitement non-médicamenteux

Un contrôle non invasif, mais ciblé, du système nerveux autonome et des organes du système de l’immunité pourrait permettre un traitement efficace et moins toxique de nombreuses maladies auto-immunes. La stimulation échographique quotidienne et non invasive de la rate chez des souris souffrant d'une arthrite inflammatoire de type polyarthrite rhumatoïde entraîne une diminution significative des synovites articulaires, par comparaison à des souris arthritiques non stimulées.

Cette étude, menée par l'Université du Minnesota et des chercheurs de Medtronic, est une première étape vers le développement de nouvelles options non-médicamenteuses de traitement de la polyarthrite rhumatoïde et des rhumatismes inflammatoires auto-immuns. Elle est publiée dans la revue Nature Communications et a donné lieu à un essai clinique préliminaire chez l’homme.

Une autre étude, réalisée indépendamment par GE Research et The Feinstein Institute for Medical Research, et publiée dans le même numéro de Nature Communications, donne des résultats strictement concordants.

Eteindre la réaction immunitaire

« Ce que nous avons découvert dans notre étude dans un modèle d’arthrite inflammatoire chez la souris, c'est que nous pouvions éteindre la réponse inflammatoire en stimulant quotidiennement, et de l'extérieur du corps, la rate par ultrasons », a déclaré Daniel Zachs, le premier auteur de l'étude et chercheur en Génie biomédical au College of Science and Engineering, de l'Université du Minnesota.

« Nous espérons que ce type de traitement non invasif pourra un jour compléter les traitements actuels utilisés chez les personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde ».

Moduler la réponse auto-immune

Un rhumatisme inflammatoire est une maladie d’origine auto-immune qui correspond à une agression des tissus sains par le système immunitaire, en plus des germes, virus et autres substances étrangères à l’organisme.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont provoqué une arthrite inflammatoire chez des souris de laboratoire et ont ensuite stimulé la rate par voie échographique pendant sept jours après le déclenchement de l’arthrite. Les souris qui ont reçu le traitement par ultrasons avaient beaucoup moins d’inflammation synoviale que les souris arthritiques qui n'avait pas reçu de stimulation par ultrasons.

Un autre mode d’action

L'utilisation de la stimulation non invasive par ultrasons de la rate pour traiter une maladie évolutive comme la polyarthrite rhumatoïde pouvait sembler être une idée farfelue, mais les résultats sont très intéressants. L'une des cibles du processus de stimulation est la voie anti-inflammatoire cholinergique qui consiste en un circuit qui va du nerf vague à la rate.

Dans le passé il a été stimulé par des dispositifs implantables ce qui donnait une amélioration de l’état auto-immun de certaines maladies comme la polyarthrite rhumatoïde. Dans le cas actuel, il s’agit d’un processus non-invasif de stimulation externe par ultrasons.

Un peu de sérendipité

En analysant l'expression génique lors du processus et en testant le processus parallèlement à la suppression de certains types de globules blancs, les chercheurs ont découvert que ce sont les lymphocytes T et B qui sont impliqués dans la stimulation échographique de la rate et ils contribuent tous les 2 à réduire la gravité de l'arthrite.

La polyarthrite rhumatoïde peut être une maladie destructrice et handicapante si elle n'est pas traitée de façon intensive (« treatment to target »). Ceci suppose l’utilisation de médicaments souvent coûteux et parfois mal tolérés.

L'idée qu’il soit possible d’améliorer le traitement de la polyarthrite rhumatoïde en utilisant des ultrasons plutôt que des médicaments supplémentaires est passionnante. Cette étude démontre une fois de plus l’intérêt de rester ouverts à des solutions non-conformistes et issues d’autres spécialités.