Cardiologie
Insuffisance coronaire : le score calcique performant chez les moins de 50 ans
En plus des facteurs de risque classiques, la présence des calcifications coronariennes à moins de 50 ans expose à un risque de survenue de 10% d’angine de poitrine ou d'infarctus du myocarde, mortel et non mortel, au cours de la décennie suivante
- OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA
L’existence de plaques calcifiées de l'artère coronaire chez les adultes âgés de 32 à 46 ans est associée à une multiplication par 5 du risque d'événements coronariens mortels et non mortels dans les 12,5 ans qui suivent leur découverte, selon une étude publiée en ligne par JAMA Cardiology.
Un score calcique inférieur à 100 (et même à 20) expose à un risque de 10 % d’angine de poitrine ou d'infarctus du myocarde, mortel et non mortel, au cours de la décennie suivante. La présence d’un score calcique de 100 ou plus est associé à un nombre de 22,4 décès cardiovasculaires pour 100 personnes suivies pendant 12,5 ans de suivi.
Un biomarqueur très puissant
À la quinzième année de l'étude CAC sur l’intérêt prédictif du score calcique, qui a inclus 3 043 participants, 10 pour cent avaient des calcifications coronariennes (score calcique d’Agaston de 21,6).
Ces participants ont été suivis pendant 12,5 ans en moyenne, et 57 événement coronariens (infarctus du myocarde mortel ou non fatal, syndrome coronarien aigu sans infarctus, revascularisation coronarienne ou décès par coronaropathie) et 108 événements cardiovasculaires (coronaropathie, accident vasculaire cérébral).
Après ajustement sur la démographie, les facteurs de risque et les traitements reçus, ceux qui ont des calcifications coronariennes, quelle que soit leur importance, ont un risque multiplié par 5 pour les événements coronariens et par 3 pour les événements cardiovasculaires.
Une étude prospective
Les données de cette étude sont une sous-analyse de l'étude CARDIA (Coronary Artery Risk Development in Young Adults), mise en place par le National Heart, Lung andBlood Institute américain, pour analyser le développement du risque de coronaropathie chez les jeunes adultes.
Il s’agit d’une étude longitudinale en vie réelle qui a recruté 5 115 adultes de 18 à 30 ans dans quatre villes américaines (Oakland, Minneapolis, Chicago et Birmingham, Alabama) à partir de 1985 et les a suivis pendant 30 ans.
Des scanners itératifs ont été effectués chez 3 330 sujets pour une sous-étude CAC sur l’intérêt prédictif du score calcique, dans laquelle la période de suivi moyenne a été de 12,5 ans. Des calcifications coronariennes, quelle que soit leur importance, ont été observées chez 10 pour cent des patients de ce groupe.
En pratique
Cette étude fournit des preuves solides pour dire qu'une personne de moins de 50 ans, et ce quelle que soit la quantité de calcifications coronariennes observée au scanner, a un risque très élevé de maladie coronarienne et cardiovasculaire.
L’existence de calcifications des artères coronaires, même si le score calcique est faible, est associée à une augmentation de 10% des événements cardiaques au cours des 12,5 années qui suivent. Et quand il s'agit de ceux avec des scores élevés (100 ou plus), l'incidence des décès est de 22 %, soit environ 1 sur 5. Il est peu fréquent de disposer d’un biomarqueur, qu'il soit génétique ou d’imagerie, qui prédit un décès à un tel niveau !
La mesure des calcifications coronariennes au scanner sans produit de contraste est une évaluation non invasive de la maladie coronaire qui est généralement associée à une coronaropathie et à une maladie cardiovasculaire chez le sujet de plus de 50 ans. L’analyse du développement du risque d’insuffisance coronaire chez les jeunes adultes dans l’étude CARDIA a révélé que l’existence de facteurs de risque cardiovasculaires modifiables, qui restent non contrôlés à un âge moyen de 25 ans, sont associés à calcifications coronariennes mesurées dans les 15 ans qui suivent (40 ans). Mais on ne savait pas si la présence de calcifications coronariennes à un âge inférieur à 50 ans augmentait le risque d'événements cardiovasculaires cliniques au cours de la décennie suivante. C’est désormais démontré.
Jusqu'à ce qu'un dépistage général des calcifications coronariennes soit validé dans d'autres études et dans les recommandations, il n’est pas question de réaliser un score calcique chez toutes les personnes de moins de 50 ans. La démonstration dans cette étude indépendante que la présence de calcifications coronariennes entre 32 à 46 ans serait associée à un risque accru de coronaropathies et de décès prématurés souligne néanmoins la nécessité d'une réduction des facteurs de risque dans cette tranche d’âge et donc une stratégie de prévention primaire dès le début de la vie.








