Innovation
Apnée du sommeil : un "pacemaker" du sommeil pris en charge par la sécurité sociale
Cet implant agit sur les muscles de la langue et permet de traiter l’apnée du sommeil, chez les patients en échec thérapeutique.
- Par Mégane Fleury
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- Hope Connolly/ISTOCK
L’apnée du sommeil est une maladie fréquente et invalidante. Ces micro-pauses dans la respiration nocturne perturbent le repos, et créent souvent des somnolences en journée. Depuis un an, un traitement innovant est proposé en France pour les personnes en impasse thérapeutique. Il s’agit d’un implant, qui agit comme un pacemaker. Appelé Inspire, le dispositif est pris en charge par l’Assurance Maladie.
Apnée du sommeil : les traitements ne sont pas toujours efficaces
L’apnée du sommeil est provoquée par l’obstruction des conduits respiratoires de l’arrière-gorge pendant la nuit. "Cette réduction ou interruption de la ventilation pendant le sommeil provoque un manque en oxygène. Le cerveau réagit et la personne se réveille pour reprendre sa respiration, souligne l’Assurance Maladie. Ces éveils sont de courte durée : on parle de ‘micro-éveils’ dont la personne n'a pas conscience."
Selon la gravité de la maladie, plusieurs types de traitements peuvent être proposés, dont la pose d’une ortèse d’avancée mandibulaire pour décaler la mâchoire et empêcher la langue de bloquer la respiration. Pour les cas les plus sévères, les médecins peuvent recommander l’utilisation d’un appareil de pression positive continue. Concrètement, ces masques empêchent le blocage de la respiration pendant la nuit. Mais ces dispositifs ne sont pas toujours efficaces ou peuvent être difficiles à supporter. Selon les Hospices Civils de Lyon (HCL), 50 % des patients abandonnent leur traitement par ventilation avant trois ans.
Un neuro-stimulateur capable de contrôler les muscles de la langue
Pour ces patients, l’établissement lyonnais propose une alternative depuis l’été dernier : l’implantation d’un neuro-stimulateur. "La technologie Inspire fonctionne grâce à un neurostimulateur implanté au niveau du nerf hyperglosse, qui contrôle les muscles de la langue, développent les HCL dans un communiqué. Relié à une sonde placée dans la cage thoracique, ce dispositif fonctionne comme un pacemaker : lorsqu’une pause respiratoire est détectée pendant le sommeil, le neurostimulateur envoie une impulsion électrique qui va faire avancer la langue, facilitant ainsi l’entrée d’air."
Apnée du sommeil : comment est implanté le neuro-stimulateur ?
Deux conditions préalables doivent être réunies pour bénéficier de cet implant : avoir un indice de masse corporelle inférieur à 32 et être en échec thérapeutique. Un examen par endoscopie est ensuite réalisé pour vérifier que les patients sont bien éligibles. Puis, la pose de l’implant est réalisée sous anesthésie générale, et dure environ deux heures. "L’intervention (…) consiste en deux incisions : une au niveau du thorax, et une sous le menton, précise le Dr Clémentine DAVEAU, chirurgienne dans le service d’ORL de l’hôpital de la Croix-Rousse. (…) L’avancée de la langue est indolore, uniquement nocturne et permet de limiter le nombre d’apnées." Une télécommande permet aux patients d’activer et/ou désactiver la stimulation.
Mis au point par l’entreprise Inspire Médical System, ce dispositif est entièrement remboursé par l’Assurance Maladie depuis le 11 août 2024. En France, il est disponible dans dix centres hospitaliers. Selon la société de technologies médicales, 85.000 patients dans le monde sont aujourd’hui équipé de cet implant.








