Baromètre de Santé publique France
Santé mentale : plus d’un dépressif sur deux n’a pas consulté
Le dernier baromètre de Santé publique France révèle que la moitié des personnes ayant traversé un épisode dépressif en 2024 n’ont pas consulté de médecin, de psychologue ou de psychiatre.
- Par Sophie Raffin
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- kitzcorner/istock
La santé mentale est la Grande Cause nationale 2025. Mais le dernier baromètre de Santé publique France, publié ce 12 novembre, montre qu’il y a encore un important travail de sensibilisation et de prévention à réaliser. En effet, alors que près d’un adulte sur six a vécu un épisode dépressif caractérisé (EDC) en 2024, plus de la moitié d’entre eux n’ont pas consulté de médecin, de psychologue ou de psychiatre.
Les femmes, les personnes isolées et les jeunes adultes sont les plus touchés par la dépression
En étudiant le profil des 16 % de Français ayant vécu un épisode dépressif caractérisé en 2024, les chercheurs ont remarqué que les jeunes âgés de 18 à 29 ans ainsi que les femmes étaient particulièrement touchés. En effet, respectivement 22 % et 18 % d’entre eux ont présenté des symptômes dépressifs au cours des 12 mois analysés.
Il y a également des disparités importantes en fonction de la situation sociale. "La prévalence des épisodes dépressifs caractérisés est trois fois plus élevée parmi les personnes percevant leur situation financière comme difficile (28 %) par rapport à celles se déclarant à l’aise financièrement (9 %). Les chômeurs (25 %), les inactifs (24 %) et les étudiants (22 %) sont aussi plus exposés que les actifs en emploi (15 %), tout comme les personnes vivant seules (19 %) ou en famille monoparentale (21 %)." De plus, les dépressions les plus graves étaient observées chez les femmes ainsi que les 18 - 59 ans, avec un pic chez les 40-49 ans (7,1 % d'épisodes sévères).
Les hommes sont les moins enclins à consulter un médecin
Le baromètre pointe du doigt un phénomène alarmant. 56 % des personnes souffrant d’un épisode dépressif n’ont pas consulté de médecin ou de professionnel de la santé mentale. Les hommes étaient moins enclins que les femmes à franchir la porte d’un cabinet (65 % vs 50 %).
"Plus de la moitié des agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d'entreprise et ouvriers ayant vécu un EDC au cours de l'année ne sont pas pris en charge", précise Santé Publique FranceL’enquête Coviprev, menée en 2023, avait déjà dressé les principaux obstacles à la consultation. Elle pointait du doigt le coût, la peur de la stigmatisation (réticence à se confier ; crainte que l’entourage l’apprenne) et le manque d’information sur les ressources disponibles.
"Les résultats du Baromètre de Santé publique France sont sans équivoque : trop de personnes sont en souffrance et trop peu osent en parler", explique la Dr Caroline Semaille, Directrice générale de Santé publique France, dans un communiqué. Pour libérer la parole et encourager le recours aux soins, les autorités sanitaires vont lancer une nouvelle campagne de communication qui vise à "encourager les personnes confrontées à de la souffrance psychique à en parler et à rechercher de l’aide sans crainte d’être stigmatisé, tout en incitant chacun d’entre nous à être à l’écoute de ceux qui en ont besoin"."La santé mentale est une condition indispensable et indissociable de la santé et est, en cela, prioritaire", rappelle la directrice générale de Santé publique France.







